Publié par Guy Jovelin le 23 février 2021
On parle, à raison, du surendettement de la France qui devient dangereux pour son avenir, mais on oublie la dette des Français qui ne l’est pas moins. Rappelons-les:
Dette des entreprises:
Elle atteint pratiquement 2000 Mds€.
Rien que pour l’année 2020, l’endettement de nos entreprises a augmenté de l’équivalent de 17,5 % du PIB, contre seulement 3,6% pour nos voisins allemands.
Pourquoi cet écart phénoménal?
C’est dû à ce que je dénonce à longueur d’années, l’écart de prélèvements obligatoires (charges, taxes et impôts) entre nos deux pays. Les entreprises allemandes peuvent donc utiliser leurs fonds propres dégagés pour passer un mauvais cap ou pour investir et nous, faute de mieux et pour essayer de ne pas être trop largués, nous investissons majoritairement avec de la dette.
Une crise telle que celle que nous connaissons aujourd’hui amplifie énormément notre handicap et, si rien n’est fait de toute urgence pour notre industrie, ce sera tout simplement la sortie de l’histoire pour notre pays et donc la sortie de la liste des grandes puissances.
D’ailleurs, la Banque de France le confirme lorsqu’elle dit «s’inquiéter de la perte de solvabilité de nos entreprises»!
Dette des particuliers:
Elle atteint pratiquement 1500 Mds€.
Elle reste forte, mais encore soutenable à condition que l’économie ne tarde pas trop à rebondir.
Cette dette représente en moyenne une année de revenus des Français, mais il ne faut pas oublier la dette d’État (eh oui, l’État, c’est nous!), qui se rajoutera et nous verrons plus bas que cette dette devient monstrueuse et que ce sera également aux Français d’aujourd’hui, de demain et certainement d’après-demain de la rembourser.
Ce seront donc pratiquement 5 ans de revenus des Français qui devront, à terme, être amputés!
Merci qui?
Enfin, le plus gros morceau, la dette de l’État:
En 2020, elle atteint la somme de 2 650 Mds€, à laquelle il faut rajouter le «hors-bilan» qui correspond aux engagements pris par l’État, comme le financement des retraites des fonctionnaires, les garanties des organismes sociaux en déficit chroniques et autres engagements, tels que le soutien aux dettes grecques et italiennes.
Le total des engagements de notre État dépasse maintenant les 7000 Mds€.
C’est donc un endettement total monstrueux de 10650 Mds€.
Et, pour «les croyants», qui nous parlent d’effacement de notre dette par un coup de «baguette magique», ils peuvent toujours rêver. C’est un peu comme si, pour éradiquer le covid-19, il suffisait de voter une loi pour l’interdire.
Pour reprendre une image beaucoup plus parlante de ce que représente cette dette (qui, parvenue à ce niveau, est difficile à imaginer), je vais reprendre ma démonstration par l’équivalent de production annuelle de Renault Clio, la voiture longtemps la plus vendue en France.
Cette dette correspond à rien de moins que 3500 années de production de Clio (200000 par an). Cependant, ce n’est pas avec un chiffre d’affaires que l’on rembourse une dette, mais avec la marge nette dégagée (5%): ce serait donc 70000 années de production de Clio qui nous seraient nécessaires pour rembourser la dette. On entre là dans la préhistoire !
Allons-nous encore cacher longtemps notre tête dans le sable ou allons-nous profiter de cette crise, véritable révélateur de notre médiocrité, pour enfin s’y attaquer?
Rendez-vous en mai 2022.
Source : les4verites