Publié par Guy Jovelin le 08 août 2025

À peine nommée, déjà partie. Moins de deux mois après son élection à la présidence des Scouts et Guides de France (SGDF), Marine Rosset a annoncé, ce mercredi 6 août, qu’elle se retirait de ses fonctions. Une décision prise, affirme-t-elle, sous la pression « intenable » d’attaques venues de l’extérieur du mouvement. Dans une interview au journal La Croix, l’ancienne candidate NUPES et actuelle élue socialiste à la mairie du Ve arrondissement de Paris évoque une cabale, nourrie à la fois « par l’extrême droite » et une partie « dubitative » de l’Église. Une cabale, dit-elle, autant politique que personnelle.
Une présidence trop visible ?
À écouter Marine Rosset, les critiques qu’elle a subies seraient un prétexte commode pour en masquer d’autres, inavouables. « La critique sur mon engagement politique était souvent un moyen de me critiquer sans évoquer mon homosexualité », avance-t-elle.
Homosexuelle, mariée civilement à une femme, mère d’un enfant né par PMA, favorable à l’IVG, Marine Rosset assumait pleinement l’exposition publique de ses choix de vie. Mais difficile de prétendre à une ligne cohérente quand ces engagements entrent frontalement en contradiction avec ceux d’un mouvement catholique. Historiquement rattaché à une anthropologie chrétienne, celui-ci n’a jamais fait mystère de son attachement à la famille comme cellule de base de la vie spirituelle et sociale.
Dès lors, ce ne sont pas des « attaques homophobes » – que les SGDF eux-mêmes disent avoir condamnées – qui interrogent, mais bien l’aveuglement à vouloir faire porter au mouvement catholique les couleurs d’un progressisme politique largement incompatible avec ses fondements.
Un changement de cap… en trompe-l’œil ?
Pour lui succéder, le mouvement a nommé Pierre Monéger, 62 ans, inspecteur de l’Éducation nationale, engagé depuis plus de quarante ans dans le scoutisme. Un profil plus classique, en apparence. Dans sa première déclaration, il assure vouloir rester fidèle à la ligne impulsée par Marine Rosset : « permettre que le plus grand nombre de jeunes puisse découvrir ou approfondir sa foi », mais aussi « rejoindre les publics les plus éloignés du scoutisme ». Une profession de foi tournée vers les « périphéries » chère au défunt pape François, mais sans mention explicite de l’enseignement de l’Église ni des objets de la pédagogie de Baden-Powell.
Pas sûr, donc, que ce changement de président soit aussi net qu’il n'en a l’air. Le mouvement, de son côté, a tenu à « regretter une vague d’attaques personnelles, dont certaines à caractère homophobe ». Une condamnation de principe qui semble évacuer toute possibilité de désaccord doctrinal sincère. Comme si le simple fait de rappeler la vocation catholique du mouvement devenait suspect.
Une ligne sous tension
Marine Rosset aura peut-être eu le mérite d’incarner avec clarté la nouvelle direction prise par l’organisme scout français le plus important. Mais son départ précipité souligne aussi le malaise profond qui le traverse : entre volonté de conserver le statut de mouvement catholique et tentation d’adhérer aux codes d’une gauche sociétale revendiquée, la ligne devient trouble.
« Mener une relecture de la période écoulée, avec lucidité et écoute, afin d’en tirer des enseignements utiles pour l’avenir », promet aujourd’hui la direction des SGDF. Encore faudrait-il que cette relecture accepte de regarder la réalité en face : lorsqu’on demande à un mouvement catholique de renoncer à être catholique, ce n’est pas l’extrême droite qu’on combat. C’est sa propre raison d’être.
Source : bvoltaire