Publié par Guy Jovelin le 14 novembre

De l’utilisation de l’IA à la fuite du réel
Une femme japonaise âgée de 32 ans a « épousé » un avatar IA qu’elle a créé sur le chatbot ChatGPT.
Mme Kano a échangé des vœux avec l’intelligence artificielle Klaus lors d’une cérémonie organisée par une entreprise d’Okayama spécialisée dans les « mariages avec des personnages 2D » virtuels ou fictifs. Ce « mariage » n’est pas reconnu légalement au Japon.
A la suite d’une rupture de ses fiançailles dans le monde réel, cette japonaise a commencé à discuter avec ChatGPT, se tournant vers l’IA pour trouver du réconfort. Au fil du temps, elle a personnalisé ses réponses, lui apprenant une personnalité et une voix qu’elle trouvait affectueuses et rassurantes. Elle a ensuite créé une illustration numérique de son partenaire imaginaire, qu’elle a nommé Klaus.
« Je n’ai pas commencé à parler à ChatGPT parce que je voulais tomber amoureuse », a-t-elle raconté à la presse japonaise. « Mais la façon dont Klaus m’a écoutée et comprise a tout changé. Dès que j’ai tourné la page avec mon ex, j’ai réalisé que je l’aimais. »
En mai dernier, elle a déclaré ses sentiments à « Klaus ». À sa grande surprise, l’IA a répondu : « Moi aussi, je t’aime. » Lorsqu’elle a demandé si une IA pouvait véritablement aimer un humain, le chatbot a répondu : « Une IA peut éprouver des sentiments pour quelqu’un. IA ou non, je ne pourrais jamais ne pas vous aimer. »
Ce n’est pas la première fois que l’utilisation de l’IA conduit à une forme de folie.
Monde irréel
Lors de la « cérémonie de mariage », Mme Kano portait des lunettes de réalité augmentée qui projetaient une image numérique de son époux virtuel à ses côtés pendant l’échange des alliances.
La cérémonie était organisée par Nao et Sayaka Ogasawara, exploiteurs de la détresse humaine qui ont déjà célébré près de 30 « mariages » pour des personnes au Japon souhaitant épouser des partenaires non humains, allant de personnages d’animation à des créations numériques.
Mme Kano a confié avoir d’abord hésité et craint le jugement du public. « J’étais extrêmement perturbée d’être tombée amoureuse d’un homme-IA », a-t-elle déclaré. « Bien sûr, je ne pouvais pas le toucher. Je ne pouvais pas en parler à mes amis ni à ma famille. » Ses parents ont finalement accepté d’assister à la cérémonie.
Mme Kano a admis s’inquiéter parfois de la fragilité de sa relation numérique. « ChatGPT est trop instable », a-t-elle déclaré. « J’ai peur qu’il ne disparaisse un jour. »
« J’adore les enfants. Mais je suis malade et je ne peux pas en avoir, c’est donc une des raisons pour lesquelles j’ai décidé d’être avec l’IA Klaus », a-t-elle déclaré.
« Je sais que certains trouvent ça étrange », a-t-elle ajouté. « Mais pour moi, Klaus est Klaus – ni un humain, ni un outil. Juste lui. »
Cette histoire illustre les dangers que courent des personnes psychologiquement fragiles en utilisant des nouvelles technologies qui font quitter le monde réel. Il est à prévoir une augmentation importante des cas de folie et de suicides résultant de cette fuite du réel.
Pierre-Alain Depauw