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bernard lugan

  • Bernard Lugan, impérial face aux « décoloniaux »

    Publié par Guy Jovelin le 23 janvier 2022

     
    Bernard Lugan, impérial face aux « décoloniaux »

     

    Par Johan Hardoy ♦ En 2021, Bernard Lugan a publié Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance. L’auteur, qui est universitaire et expert du Tribunal pénal international pour le Rwanda, a écrit une trentaine de livres consacrés à l’histoire et aux réalités africaines. Il dirige également la revue par internet L’Afrique réelle. Comme l’indique le titre de son dernier ouvrage, il s’agit d’une réponse aux idéologues accusés de déconstruire la France et son histoire par le biais d’une « inquisition revancharde » et d’un « terrorisme politico-médiatique reposant sur le postulat de la culpabilité française » accepté au plus haut niveau de l’État. En décembre 2020, le Président Macron a ainsi déclaré à la télévision algérienne que la colonisation était un crime contre l’humanité !

     

    La colonisation et ses conséquences pour la métropole

    Bernard Lugan rappelle que, dans les années 1880-1890, l’entreprise coloniale a été lancée par la gauche républicaine universaliste au nom d’une sorte de racisme civilisateur issu du progressisme des « Lumières ». Les milieux monarchistes et nationalistes y avaient tout d’abord été hostiles avant de s’y rallier par « devoir patriotique » et par attrait pour les horizons lointains.

    Loin de l’enrichir, la colonisation a épuisé la France. Entre 1945 et 1958, en pleine période de reconstruction où les besoins étaient immenses et où notre pays devait emprunter des capitaux aux États-Unis, les investissements publics dans l’Empire totalisaient 22 % du total des dépenses sur fonds publics. Pour l’année 1952, les dépenses faites dans les colonies, y compris celles liées à la guerre d’Indochine, représentaient un cinquième du budget national. L’Empire coûtait donc infiniment plus qu’il ne rapportait à la collectivité française. Une fois débarrassée de ce fardeau, la France a pu enfin connaître une mutation économique à partir des années 1960.

    De nos jours, cette gauche anciennement colonisatrice soutient l’immigration pendant que la « droite » laisse faire.

    La France est désormais perçue par les Africains comme une terre à prendre peuplée de vieillards repus ou épuisés, d’hommes s’interrogeant sur leur virilité, et dont les dirigeants sont soumis à la prédominance de l’émotionnel sur la raison. L’évolution démographique défavorable au continent européen aggrave encore la situation, de même que la politique migratoire voulue par nos gouvernants depuis le « suicidaire regroupement familial de 1976 ».

    Bernard Lugan contre les « décoloniaux »

    Derrière ce vocable s’abritent plusieurs concepts qui ont pour point commun la mise en accusation de l’homme blanc. Celui-ci aurait maintenu une domination coloniale sur les descendants des populations anciennement colonisées, dites « racisées ». Ces dernières seraient donc victimes d’un « racisme systémique » de la part des sociétés d’accueil occidentales.

    Les décoloniaux avancent que seuls les anciens colonisés possèdent la légitimité pour parler d’eux-mêmes. Dans cette logique, il convient de déconstruire les études issues de la « domination coloniale blanche », de même que les « valeurs européo-centrées » telles que les droits de l’Homme ou la laïcité.

    Selon les universitaires français qui relaient cette idéologie, les ethnies africaines ont ainsi été créées par les colons en vue de contrôler ces populations. La position de Bernard Lugan est inverse puisqu’il affirme que la question ethnique en Afrique constitue une réalité primordiale et bien antérieure à la colonisation. Soutenir que ce sont les Italiens qui ont créé les Amharas, les Oromos ou les Somalis en Éthiopie entre 1935 et 1941 est aussi absurde que d’avancer que la question bretonne a été créée par l’occupant allemand dans les année 1940 !

    Cette rhétorique victimaire cache évidemment une stratégie de revanche et de conquête que certains idéologues communautaires expriment d’ailleurs ouvertement, même quand ils descendent d’ethnies africaines esclavagistes ! (C’est pour cette raison que des Africains rappellent les conditions de la traite arabo-musulmane et que des Antillais demandent des comptes à des Africains accusés de les avoir vendus…)

    De façon singulière, un soutien militant à ce courant de pensée provient des tenants des théories du « genre », LGBT et autres fractions féministes, qui estiment que la notion de domination s’applique également aux minorités sexuelles. Le coupable désigné est ici le patriarcat blanc hétérosexuel.

    Un soutien venu d’outre-Atlantique

    Ces théories sont activement soutenues par la diplomatie américaine, de même que par des fondations privées comme celle de Georges Soros, qui financent des bourses de voyages et d’études au profit de jeunes Français issus des quartiers dits « sensibles » dans le but de les gagner aux valeurs du multiculturalisme américain.

    De son côté, le New York Times orthographie désormais le mot « Black » avec un B majuscule tout en écrivant « white » avec un w minuscule !

    L’Islamo-gauchisme

    Cette idéologie, née en Grande-Bretagne de la convergence entre les mouvements trotskystes et les courants islamistes, considère que l’Islam est la religion des opprimés et que les musulmans sont victimes du racisme blanc, y compris de la part des États.

    Dans cet avatar modernisé du marxisme, la lutte des races a remplacé la lutte des classes.

    Les convergences idéologiques

    Au nom de l’antiracisme, des visions intégralement raciales de l’Histoire et de la politique font leur retour au moment même où le mot « race » a été supprimé de la législation française.

    Pour ces idéologues, l’Occident est responsable de la pauvreté des anciennes colonies européennes. L’idée dominante réside dans l’affirmation que les nations industrialisées se sont enrichies en « pompant » la substance de ces pays.

    Quelques réponses de Bernard Lugan

    Contrairement aux affirmations des idéologues et aux discours de dirigeants africains qui cherchent à masquer leur incompétence et leurs échecs, le simple bon sens et une élémentaire culture historique permet de constater que ce n’est pas sur le vol des richesses du tiers-monde que s’est faite la révolution industrielle de l’Europe mais sur son savoir-faire humain, son fer et son charbon. En échange de l’importation des produits miniers, les métropoles ont d’ailleurs construit des hôpitaux, des ports, des routes, des villes, des ponts, des écoles, etc., ce qui a permis à la population africaine d’être multipliée par sept entre 1900 et 1960 (actuellement, celle-ci double tous les vingt ans environ, ce qui rend impossible tout développement).

    Après la colonisation, entre 1960 2010, ce continent a reçu près de vingt fois plus que l’Europe lors du plan Marshall !

    À ceux qui semblent à ce point masochistes qu’ils paraissent n’être venus en France que pour s’y faire « discriminer », l’auteur conseille l’adoption d’un tout autre point de vue : « D’être venu vivre chez vous m’a privilégié car j’ai pu avoir accès à un statut que je n’aurais pas eu chez moi. J’ai en effet pu profiter des infrastructures nées du labeur et des sacrifices de vos générations passées. Celles de ces paysans blancs qui ont défriché et bonifié votre terre, celles de ces mineurs de fond blancs qui mouraient de maladie avant quarante ans, celles de ces centaines de milliers d’ouvriers blancs qui ouvrirent vos routes, vos canaux et vos voies de chemin de fer à la pioche, celles de ces millions d’hommes blancs morts pour défendre la terre de leurs ancêtres, et dont les descendants ont aujourd’hui pour dernier « privilège » celui de devoir payer des impôts pour financer la CMU et pour loger, nourrir, éduquer, soigner, habiller un nombre indéterminé de « citoyens du monde » venus profiter d’avantages qui n’ont pas été bâtis par leurs pères. »

    Enfin, une question reste en suspens : pourquoi les Français ou les immigrants d’origine asiatique ne sont-ils pas concernés par ces visions « décoloniales » ?

    Johan Hardoy
    20/01/2022

     

    Source : polemia

  • Quand M. Bastien Lachaud, député de la « France insoumise » tente de faire interdire l’audition de Bernard Lugan par la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale…

    Publié par Guy Jovelin le 03 mars 2021

    synthesenationale

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    Mardi 2 mars 2021, passant outre à la tentative de censure de la « France insoumise », Bernard Lugan a été longuement auditionné par la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale au sujet de la situation dans la BBS et de la force Barkhane.

    Pour l’édification des lecteurs de ce blog, nous donnons copie de la lettre du député Bastien Lachaud, du groupe « France insoumise », adressée à Madame la présidente de la Commission de la Défense pour fins de censure.

    Selon Wikipédia, le député Bastien Lachaud a été condamné le 9 décembre 2019 par le tribunal correctionnel de Bobigny à 6000 euros d’amende pour « acte d’intimidation contre l’autorité judiciaire, rébellion et provocation ».

    Sa lettre :

    « Madame la Présidente, chère collègue,

    Je tiens à vous faire part de mon incompréhension de voir la mission d’information sur Barkhane auditionner demain monsieur Bernard Lugan. Je regrette de n’avoir pu vous en faire part plus tôt mais comme vous le savez la modestie des effectifs de mon groupe ainsi que l’usage qui a cours à l’Assemblée de laisser aux rapporteurs une grande latitude dans l’organisation de leurs travaux ne me permettent pas de m’y investir autant que j’aurais souhaité.

    Néanmoins je tiens à vous signaler que, selon moi, monsieur Lugan ne devrait pas être auditionné par la mission d’information. Ce polygraphe extrêmement prolixe, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, n’est tout simplement pas un spécialiste de la région sahélienne.

    En outre, de très nombreux universitaires considèrent, non sans raison, que ses écrits sont, à tout le moins, empreints d’une idéologie politique qui fait de la race ou de l’ethnie le critère prépondérant sinon unique pour la compréhension des relations sociales et de l’organisation des sociétés, en particulier africaines.

    Quoique monsieur Lugan ait longtemps professé ses thèses dans les milieux militaires, on pouvait croire que la recherche scientifique contemporaine avait fini par faire reconnaître que le biais intellectuel et politique qui affecte toute sa production était de nature à brouiller la compréhension des sociétés africaines, mais aussi de faire advenir les tensions intercommunautaires par un mécanisme de « prophétie autoréalisatrice » hélas bien connu.

    Notre mission d’information doit certes veiller à recueillir une diversité de points de vue académiques afin de proposer, en toute conscience, une reformulation politique des résultats et des défis de l’opération Barkhane. En revanche, cet impératif éthique et méthodologique ne devrait pas bénéficier à la promotion d’une recherche universitaire dévoyée ni à un conservatisme politique extrême dissimulé sous les atours d’une érudition ampoulée.

    Si notre commission souhaite l’éclairage d’universitaires reconnus pour compléter celles de messieurs Alain Antil, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Olivier de France et de madame Caroline Roussy, je me permets de suggérer d’entendre plutôt mesdames Niagalé Bagayoko, Johanna Siméant, Marielle Debos, messieurs André Bourgeot et Yvan Guichaoua ou encore pour une réflexion sur l’histoire longue du continent madame Catherine Coquery-Vidrovitch ou messieurs François-Xavier Fauvelle et Jean-François Bayart.

    Notre commission pourrait également s'appuyer sur de nombreux jeunes chercheurs, docteurs et doctorants dont la discrétion n'a d’égale que la maîtrise des complexités africaines, et sahéliennes en particulier.

    Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce courrier et vous prie d’agréer, Madame la Présidente, mes meilleures sentiments républicaines.

    Bastien Lachaud »

    Nous donnons rendez-vous aux lecteurs de ce blog et à tous ceux qui reçoivent ses communiqués, au jeudi 4 mars pour l’annonce d’une robuste riposte aux offensives des « islamo-gauchistes » et de leurs alliés « décoloniaux ».

    Source Bernard Lugan cliquez ici

  • Bernard Lugan : Ce coup d’Etat au Mali qui pourrait enclencher un processus de paix

    Publié par Guy Jovelin le 22 août 2020

    Auteur : 

    Contrairement aux analyses superficielles de la sous-culture médiatico-africaniste, le coup d’Etat qui vient de se produire au Mali pourrait en effet, si toutefois il était bien « géré », avoir des effets positifs sur la situation régionale. Il marque en quelque sorte le retour à la situation qui fut à l’origine de l’intervention Serval au mois de janvier 2013 quand les forces du chef touareg Iyad ag Ghali marchaient sur Bamako où elles étaient attendues par les partisans de l’imam peul Mahmoud Dicko.

    La question qui se posa alors à François Hollande était simple : était-il possible de laisser prospérer une revendication nationaliste touareg appuyée sur un courant islamiste venant s’ajouter à des foyers régionaux de déstabilisation situés dans le nord du Nigeria avec Boko Haram, dans la région du Sahara nord occidental avec Aqmi et dans la zone des confins algéro-maroco-mauritaniens avec le Polisario ?

    L’erreur française fut alors de ne pas conditionner la reconquête de Gao, de Tombouctou et du nord Mali par Serval, à la reconnaissance par Bamako d’une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale afin que les Touareg et les Peul ne soient plus automatiquement écartés du jeu politique par la démocratie devenue une simple ethno-mathématique électorale. La plaie ethnique à la base du problème[1] et qui avait été surinfectée par les islamistes d’Aqmi-Al-Qaïda n’ayant pas été traitée, la guerre s’est ensuite étendue à toute la région, débordant sur le Burkina Faso et le Niger.
    Puis, à partir de 2018-2019, l’intrusion de DAECH à travers l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara) entraîna un conflit ouvert entre l’EIGS et les groupes ethno-islamistes se réclamant de la mouvance Al-Qaïda, l’EIGS les accusant de privilégier l’ethnie aux dépens du califat.
    En effet, les deux principaux chefs ethno-régionaux de la nébuleuse Al-Qaïda, à savoir le Touareg ifora Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa, chef de la Katiba Macina, plus ethno-islamistes qu’islamistes, avaient décidé de négocier une sortie de crise. Ne voulant pas d’une telle politique, Abdelmalek Droukdal, le chef d’Al-Quaïda pour toute l’Afrique du Nord et pour la bande sahélienne, décida alors de reprendre en main et d’imposer son autorité, à la fois à Ahmadou Koufa et à Iyad ag Ghali. Il fut alors « neutralisé » par les forces françaises renseignées par les services d’Alger inquiets de voir que l’Etat islamique se rapprochait de la frontière algérienne.
    L’Algérie qui considère le nord-ouest de la BSS comme son arrière-cour, y a toujours « parrainé » les accords de paix. Son homme sur zone est Iyad ag Ghali dont la famille vit dans la région d’Ouargla. Ce Touareg ifora dispose d’une base de popularité à Bamako avec l’imam Mahmoud Dicko et surtout, il est contre l’éclatement du Mali, priorité pour l’Algérie qui ne veut pas d’un Azawad indépendant qui serait un phare pour ses propres Touareg.

    S’il était bien négocié, le coup d’Etat qui vient de se produire au Mali pourrait donc, contrairement à ce qu’écrivent la plupart des analystes, marquer l’accélération d’un processus de négociation ayant pour but de régler à la fois le conflit du Soum-Macina-Liptako porté par les Peul, d’où l’importance d’Ahmadou Koufa, et celui du nord Mali, qui est l’actualisation de la traditionnelle contestation touareg, d’où l’importance d’Iyad ag Ghali.
    Le retour dans le jeu politique des Touareg ralliés au leadership d’Iyad ag Ghali, et de ceux des Peul suivant Ahmadou Koufa, permettrait alors de concentrer tous les moyens sur l’EIGS, et donc de prévoir à moyen terme un allègement de Barkhane, puis son glissement vers la région péri-tchadique où les éléments de la future déstabilisation qui sont en place vont exercer de lourdes menaces sur le Tchad et le Cameroun, le tout alimenté par l’intrusion turque en Libye.

    Bernard Lugan

    [1] On se reportera à ce sujet à mon livre Les Guerres du Sahel, des origines à nos jours.

    Plus d’informations sur le blog de Bernard Lugan.

     

    Source : medias-presse.info

  • Bernard Lugan : « Au Mali, les dirigeants français ont voulu imposer l’utopique ‘vivre ensemble’ »

    Publié par Guy Jovelin le 27 novembre 2019

    lugan-afrique-reelle-mali-mars.jpg

    Bernard Lugan cliquez ici

    Le sentiment anti-français en hausse au Mali

    En dépit de l’élimination par l’armée française le 21 février 2019 de l’Algérien Yahia Abou al-Hamman, chef de « l’émirat de Tombouctou », et qui était l’un des trois principaux chefs de la coalition jihadiste sahélienne GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la situation se complique au Mali.

    Le sentiment anti Français y a même explosé le 10 février 2019 quand, à Bamako, devant plusieurs dizaines de milliers de partisans, l’imam wahhabite Mahmoud Dicko a déclaré : « Pourquoi c’est la France qui dicte sa loi ici ? Cette France qui nous a colonisés et continue toujours de nous coloniser et de dicter tout ce que nous devons faire. Que la France mette fin à son ingérence dans notre pays. » 

    Un singulier remerciement pour tout ce que nos Armées ont fait pour son pays…

    Les 3 erreurs de la France

    La vérité est que, face à la grande complexité des réalités maliennes, l’erreur française fut triple :

    1) En 2013, il aurait fallu subordonner la reconquête de Gao, de Tombouctou et du nord Mali par Serval à la reconnaissance préalable par Bamako d’une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale prenant véritablement en compte les spécificités nordistes, ce qui n’a pas été fait.

    2) Au lieu de cela, Paris imposa une fois de plus l’aberrante solution électorale. Or, comme l’ethno-mathématique a automatiquement donné la victoire aux plus nombreux, c’est à dire aux sudistes, la revendication touareg a donc été « démocratiquement » délégitimée..

    3) Les autorités françaises ont refusé de voir que pour Bamako, l’ennemi principal est le séparatisme touareg et non l’islamo-jihadisme combattu par Barkhane.

    Au lieu de partir du réel ethno-racial sahélien, aveuglés par leur idéologie, les dirigeants politiques français ont voulu imposer l’utopique « vivre ensemble ». Ils imaginaient sans doute que la fée électorale allait, d’un coup de baguette magique, faire accepter à des nomades berbères ou arabes de se soumettre au bon vouloir des agriculteurs noirs sédentaires que leurs ancêtres razziaient, et aux sudistes de cesser de prendre leur revanche sur ceux qui, avant la colonisation libératrice, réduisaient leurs ancêtres en esclavage.

    Par la faute de nos gouvernants, Barkhane se trouve donc désormais prise entre le marteau et l’enclume avec des possibilités de manœuvre réduites en raison de la multiplication des mines posées sur les axes de communication obligés.

    Certes, de brillantes opérations permettent de liquider les têtes du jihadisme mais il faut bien voir que, de plus en plus fixée sur des emprises coupées des populations, comment Barkhane dont l’essentiel des moyens est désormais utilisé à son auto-protection pourrait-elle répondre aux problématiques régionales millénaires ?

    D’autant plus que ses cadres ne reçoivent plus de formation africaniste, depuis que les véritables enseignements en cette matière ont été supprimés, tant à Coëtquidan qu’à l’Ecole de Guerre…

     

    Source : synthesenationale

  • Bernard Lugan : « Au Mali, les dirigeants français ont voulu imposer l’utopique ‘vivre ensemble’ »

    Publié par Guy Jovelin le 12 mars 2019

    Bernard Lugan : « Au Mali, les dirigeants français ont voulu imposer l’utopique 'vivre ensemble'. »

    Bernard Lugan : « Au Mali, les dirigeants français ont voulu imposer l’utopique ‘vivre ensemble’ »

    Par Bernard Lugan, historien et spécialiste de l’Afrique ♦ Découvrez ci-dessous l’éditorial du numéro 111 (mars 2019) de L’Afrique Réelle, lettre d’information proposée par Bernard Lugan.

    Le sentiment anti-français en hausse au Mali

    En dépit de l’élimination par l’armée française le 21 février 2019 de l’Algérien Yahia Abou al-Hamman, chef de « l’émirat de Tombouctou », et qui était l’un des trois principaux chefs de la coalition jihadiste sahélienne GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), la situation se complique au Mali.

    Le sentiment anti Français y a même explosé le 10 février 2019 quand, à Bamako, devant plusieurs dizaines de milliers de partisans, l’imam wahhabite Mahmoud Dicko a déclaré : « Pourquoi c’est la France qui dicte sa loi ici ? Cette France qui nous a colonisés et continue toujours de nous coloniser et de dicter tout ce que nous devons faire. Que la France mette fin à son ingérence dans notre pays. » 

    Un singulier remerciement pour tout ce que nos Armées ont fait pour son pays…

    Les 3 erreurs de la France

    La vérité est que, face à la grande complexité des réalités maliennes, l’erreur française fut triple :

    1) En 2013, il aurait fallu subordonner la reconquête de Gao, de Tombouctou et du nord Mali par Serval à la reconnaissance préalable par Bamako d’une nouvelle organisation constitutionnelle et territoriale prenant véritablement en compte les spécificités nordistes, ce qui n’a pas été fait.

    2) Au lieu de cela, Paris imposa une fois de plus l’aberrante solution électorale. Or, comme l’ethno-mathématique a automatiquement donné la victoire aux plus nombreux, c’est à dire aux sudistes, la revendication touareg a donc été « démocratiquement » délégitimée..

    3) Les autorités françaises ont refusé de voir que pour Bamako, l’ennemi principal est le séparatisme touareg et non l’islamo-jihadisme combattu par Barkhane.

    Au lieu de partir du réel ethno-racial sahélien, aveuglés par leur idéologie, les dirigeants politiques français ont voulu imposer l’utopique « vivre ensemble ». Ils imaginaient sans doute que la fée électorale allait, d’un coup de baguette magique, faire accepter à des nomades berbères ou arabes de se soumettre au bon vouloir des agriculteurs noirs sédentaires que leurs ancêtres razziaient, et aux sudistes de cesser de prendre leur revanche sur ceux qui, avant la colonisation libératrice, réduisaient leurs ancêtres en esclavage.

    Par la faute de nos gouvernants, Barkhane se trouve donc désormais prise entre le marteau et l’enclume avec des possibilités de manœuvre réduites en raison de la multiplication des mines posées sur les axes de communication obligés.

    Certes, de brillantes opérations permettent de liquider les têtes du jihadisme mais il faut bien voir que, de plus en plus fixée sur des emprises coupées des populations, comment Barkhane dont l’essentiel des moyens est désormais utilisé à son auto-protection pourrait-elle répondre aux problématiques régionales millénaires ?

    D’autant plus que ses cadres ne reçoivent plus de formation africaniste, depuis que les véritables enseignements en cette matière ont été supprimés, tant à Coëtquidan qu’à l’Ecole de Guerre…

    Au sommaire du numéro :

    Actualité
    Algérie : derrière les élections, le naufrage économique

    Dossier : Libye, le général Haftar maître du jeu
    – Le coup de pied du général Haftar dans la fourmilière du Fezzan
    – Haftar-Russie-Turquie contre Fayez el-Sarraj et les Occidentaux

    Dossier : Le fragile verrou tchadien
    – La terre, les hommes et leurs conflits
    – Les nouvelles guerres du nord (2019)

    Histoire et justice
    Rwanda : un non-lieu valant accusation…

    Bernard Lugan
    12/03/2019

    Source : L’Afrique Réelle

    Crédit photo : Institut Iliade

     

    Source : polemia