Publié par Guy de Laferrière le 31 mars 2023
De Philippe Mesnard dans Politique Magazine :
Bizarrement, les Français ne sont pas contents. Voilà 150 ans qu’on leur dit qu’ils sont représentés, c’est-à-dire qu’ils ont le droit de voter et de se taire, puisque les bons démocrates ont décidé qu’il ne pouvait pas y avoir de mandat impératif et que des démocrates encore meilleurs ont décidé qu’on ne ferait jamais de référendums sur rien et que le plus démocrate d’entre nous, Manu, a décidé de réinventer la démocratie directe (après l’histoire de France et juste avant la diplomatie africaine, avec le même succès) à l’aide de conventions citoyennes encadrées et de grands débats contrôlés. Les Français ont désormais le sentiment qu’ils sont très mal représentés, par des gens élus par une minorité, qu’on ne peut pas dégager, même quand ils sont nuls, et ils sont nuls, même s’ils prétendent en permanence le contraire en sous-entendant que le peuple est bête, ce qui est énervant. Voter ne suffit donc plus au bonheur citoyen du peuple. Désormais, les Français sont prêts à puiser dans le vieux répertoire de la violence. Ils trouvent pour moitié que « les actions militantes violentes pour contraindre les politiques à prendre en compte l’avis de la population » sont plutôt (29 %) ou tout-à-fait (23 %) légitimes (ObSoCo, enquête, mars 2023). On mesure ici, après ses incroyables succès industriels, économiques et diplomatiques, tout le mérite social et politique, stricto sensu, de Macron. 28 % des 25-44 ans sont tout-à-fait d’accord, surtout les plus pauvres, à qui on promet depuis quelques décennies que l’Union européenne, l’immigration et la République vont les enrichir mais qui s’obstinent, bêtement, à regarder leur pouvoir d’achat se racornir. Il est temps, en effet, de contraindre les politiques à écouter la population, qui pense mieux que les privilégiés qu’elle entretient.
Source : lesalonbeige