Publié par Guy Jovelin le 10 janvier 2022
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Pour Emmanuel Gougaud, la succession de conversions à l’islam dans le milieu du rap illustre la fragilité des communautés chrétiennes, notamment en milieu populaire. « Que des chrétiens deviennent musulmans, c’est le signe d’une christologie déficiente : ils n’ont pas rencontré Jésus comme Seigneur et Sauveur, ils le disent, et cela nous interpelle sur la transmission de la foi. Par ailleurs, est-ce que nous sommes encore une communauté chrétienne, avec des repères forts et fière d’elle-même ? », interroge-t-il, en constatant : « L’Oumma islamique sait qui elle est, et elle est fière. »
Dans les banlieues où l’on se sert les coudes, la fraternité du ramadan, des prières partagées, et l’influence des « potes » jouent un rôle déterminant dans la diffusion de l’islam. « Pour un jeune qui naît dans un quartier, les amis ont une influence parfois plus forte que la famille », atteste le musicien Aurélien Fortin. De confession protestante adventiste, ce passionné de rap anime une chaîne YouTube sur la musique urbaine. « Moi-même, avant de devenir chrétien, je me suis renseigné sur l’islam au lycée, car ce sont les musulmans qui parlent le plus de spiritualité. »
François Furtade souscrit à cette analyse. « L’islam est la première religion dans les quartiers populaires français, parce que les familles musulmanes le sont chez elles et à l’extérieur. Elles affichent leur foi, parce qu’elles la vivent au quotidien ! Cela touche tous les aspects de leur existence. En toute humilité, nous devons saluer leur profession de foi », estime le Patriarche, qui ne mâche pas ses mots devant la timidité des Églises. « Ne parlons pas de persécution quand nous sommes victimes de tiédeur ! Les chrétiens connaissent la parole de l’apôtre Paul, “Je n’ai point honte de l’Évangile” (Romains 1, 16), mais ils en font quoi ? »
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