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Les incidents se multiplient entre automobilistes dans les stations-service encore ouvertes.
Un automobiliste de 43 ans a été interpellé par la police, mercredi soir, soupçonné d’avoir foncé sur un policier municipal qui gérait la circulation aux abords d’une station-service encore ouverte à Versailles.
Mardi, vers 23 h, quartier de la Reine-Jeanne, des policiers avignonnais sont interpellés par un jeune, qui les insulte copieusement à leur passage. Ils tentent de procéder à son contrôle mais l’individu assène un coup de poing au visage d’un fonctionnaire avant de tenter de se saisir d’une béquille pour frapper ses collègues.
Ceux-ci parviennent à le maîtriser et à l’arrêter malgré l’attroupement qui s’est réuni dans la cité. Placé en garde à vue, le jeune de 18 ans a reconnu les faits, dont les violences qui ont occasionné une ITT de 5 jours au policier. En situation irrégulière, il a été conduit au centre de rétention administratif de Nîmes et sera jugé en novembre devant le tribunal correctionnel d’Avignon.
Ce vendredi en milieu d’après-midi, le conducteur d’une voiture a redémarré alors qu’il était contrôlé par la police municipale. Il a délibérément foncé sur un policier.
Il n’a pas eu d’autre choix que de tirer. Un policier municipal a dû faire usage de son arme à feu ce vendredi, peu avant 17 heures à Toulouse. Les faits se sont déroulés du côté de l’avenue Eisenhower et de la zone Thibaud, au sud-ouest de la ville. Tout a commencé par un banal contrôle routier. Un équipage de la police municipale a croisé la route d’un conducteur qui roulait trop vite. Les fonctionnaires ont demandé à cet homme de s’arrêter, du côté du chemin de Perpignan, à proximité de l’incinérateur.
(…) Subitement, le chauffard a redémarré en trombe, fauchant un policier municipal sur son passage avant de s’évanouir dans la circulation.
Pour Christophe Girard, policier à la Bac de Dijon et vice-président de Pep’s-SOS policiers en détresse, une association qu’il a créée en 2019, ces mesures sont bonnes mais insuffisantes : « Depuis 1996, en moyenne, 45 policiers se suicident chaque année. C’est 41 % de plus que le taux de suicide dans la population active. Le ministère de l’Intérieur mobilise une centaine de psychologues pour aider 140 000 policiers français. Même avec la meilleure volonté du monde, beaucoup de victimes passent entre les mailles du filet.»
(…)
En attendant, Christophe Girard tient à raconter l’histoire de son collègue Damien, un type intelligent, généreux, sensible, tête brûlée, amuseur public, tombé amoureux de la police, qui s’est mis une balle dans la tête un jour de désespoir. Aujourd’hui, regard bleu intense, gouaille de tonton flingueur, il est vivant, la gueule à peine cassée, sauvée par le hasard ou par un miracle. Perdu dans l’action, sans jamais s’économiser, Damien a vécu longtemps en première ligne, prenant des coups jusqu’à s’ébrécher. Une balle lui démolit l’épaule, un toxico lui casse la gueule, une scène de viol le traumatise; et puis les gens réduits à un tas de viande sur les voies ferrées tassent son enthousiasme, un divorce très difficile l’écrase et, enfin, l’alcool s’invite à sa table. Le 16 avril 2019, Damien tient son flingue à la main et regarde la photo de ses enfants dans son salon. Il a bu. Il envoie un dernier SMS à ses copains: « Dites à ma mère que j’étais un type bien.» Il perd la notion du temps. Les potes arrivent, défoncent la porte. Il panique à l’idée d’être sauvé. Ne veut pas passer pour un dégonflé. Alors, il se tire une balle sous le menton.
Il entend «Damien! Pourquoi?» Et puis plus rien. Plus de son. La balle, ricochant sur son palais, est ressortie par la tempe sans brûler son cerveau. Il passe et repasse sur le billard. Chirurgie faciale. Des mois de rééducation. Il se relève mais retombe. Alcool, dépression. Il avale 200 cachets, on le sauve encore. Il veut se tuer à moto. Christophe et Pep’s ne le lâchent pas. Il passe par toutes les unités psychiatriques du pays. On lui diagnostique un trouble de l’attention, une hyperactivité, un haut potentiel et un QI de 146. Des réponses, enfin. Et un puis, un jour, grâce à l’aide de Pep’s, de sa nouvelle compagne («Je lui ai dit que j’étais flic, alcoolique, que je m’étais mis une balle dans la tête, et elle est restée ! »), tout change. Un addictologue lui lâche: «Écoute, tu as deux solutions. Soit tu décides de vivre, soit tu crèves. La chambre que tu occupes, des gens en ont besoin.» Et ces mots simples, crus, le bouleversent. Il baisse la garde: « Ce qui me tuait, c’était mon masque, ma carapace, mon côté cartésien.» Aujourd’hui, Damien, qui n’a plus peur de dire quand ça ne va pas, aide ses collègues à poser des mots sur leurs malheurs. Il en a déjà sauvé trois sur le point de se foutre en l’air: «Je leur dis: “Prenez cinq minutes, écoutez. C’est pas facile à entendre et encore moins d’y croire, mais essayez quand même, ça ne coûte rien. Le bonheur va revenir. C’est obligé, c’est scientifique ! “»
La télé est allumée. Damien ne la regarde pas. Il a bu. Il est assis dans son canapé et tient son flingue dans ses mains. Il fixe la photo de ses enfants. Il sait qu’il va le faire. Il envoie un dernier message sur Whatsapp aux gars sous ses ordres.
: « Ce soir, c’est pour moi la fin les copains, dites à mère que j’étais quelqu’un de bien. »
Damien est flic depuis 23 ans, brigadier-chef. Sensible, intelligent, tête brûlée, déconneur, « aucune idée suicidaire ». Il parle comme un tonton flingueur, barbe grise, regard bleu acier, corps de chat maigre.
En 2008, il vit la première opération qui l’empêche dormir : un viol. A l’endroit du crime, il est chargé de garder les traces ADN, une capote usagée. La victime et l’agresseur ne sont plus là, mais ce face-à-face solitaire avec les traces du viol le perturbe.
Pendant des années, la violence s’entasse dans son crâne. En 2015, il divorce et plonge dans l’alcool. La bouteille le calme. Puis le coule. Il s’écroule, se relève, tombe, se relève encore.
En 2019, dans la même semaine, sa copine le largue par sms, sa hiérarchie lui cherche des poux et ses fils lui rappellent qu’il vit dans un 30m2 alors qu’ils ont chacun leur chambre chez leur mère.
Dans le canapé, Damien est conscient, mais dans un état second. Soudain, ses copains flics tambourinent aux volets, à la porte. Il croyait avoir envoyé le message deux minutes avant. Cela fait une demi-heure.
Il panique à l’idée d’être sauvé, d’être ridicule. Il ne va quand même pas se dégonfler. La porte s’ouvre. Un de ses jeunes gars se précipite vers lui. Alors Damien se tire une balle dans la tête. Il entend juste « Damien ! Pourquoi ? ». Et puis plus rien.
Par miracle, Damien a survécu. Il a appris à briser sa carapace. Il s’est mis à la pâtisserie. Il a même rencontré son âme sœur : « Je lui ai dit que j’étais flic, alcoolique et que je m’étais tiré une balle dans la tête et elle est restée ! »
Trois ans plus tard, il essaie de sauver ses collègues désespérés. Dix policiers se sont suicidés depuis le début de l’année. Papier à lire cette semaine dans @ParisMatch photo @FLafargue
PS : Quand je dis qu’il s’est mis à la pâtisserie, c’est pas une blague.