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les verts

  • Les Verts manquent certainement d’un coup de fourchette bien placé pour se remettre les idées à l’endroit

    Publié par Guy Jovelin le 01 mars 2021

    Les Verts manquent certainement d’un coup de fourchette bien placé pour se remettre les idées à l’endroit

    Le Père Danziec revient dans Valeurs Actuelles sur le choix polémique de la municipalité écologiste de Lyon d’imposer à ses élèves des menus sans viande tous les jours de la semaine :

    On s’étonnera sans doute de voir un prêtre aborder un tel sujet en plein carême. Défendre le droit de faire bonne chère ? A l’heure où l’Eglise insiste auprès de ses membres à vivre une période de renoncements culinaires et d’abstinence à table, et cela pour s’unir au Christ dans sa passion douloureuse et rédemptrice ? Tout cela, est-il bien sérieux ? Il faut le dire pourtant, les Verts manquent certainement d’un coup de fourchette bien placé pour se remettre les idées à l’endroit. Après les vaines polémiques autour des sapins de Noël criminels qui déforestent la nature ou du soi-disant Tour de France pollueur des campagnes avec sa caravane distributrice de goodies, il faut croire qu’ils ont encore de la ressource. On aurait tort de penser que la mairie EELV de Lyon, en imposant dans ses cantines scolaires des menus sans viande, surfent seulement sur une ligne végane équivoque. A dire vrai, la folie écologiste heurte ici un pan entier de la civilisation française : la gastronomie ou l’art de la table, lieu privilégié où s’exerce la jolie vertu de charité.

    Les hôtes reçus comme le Christ dans les monastères

    Le bon sens populaire ne rappelle-t-il pas que le moral des troupes est dans la gamelle ? La règle millénaire de saint Benoît, qui régit les milles détails de la vie communautaire dans les monastères bénédictins, va jusqu’à préciser le devoir de rompre le jeûne pour honorer l’invité de passage : « Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ, car lui-même dira un jour : “J’ai demandé l’hospitalité et vous m’avez reçu”. À tous on témoignera l’honneur qui leur est dû. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l’hôte. » Le célèbre et regretté boulanger Lionel Poilâne, en créant en 2002 l’association “De la question gourmande” avait bien compris la portée élévatrice de nos papilles gustatives. Avec ses amis, dont notamment Paul Bocuse et Alain Ducasse, il avait pris l’amusante décision de s’adresser au Saint-Père le pape Jean-Paul II pour lui demander humblement de requalifier le péché de gourmandise en péché de gloutonnerie ou d’intempérance. En effet, selon la vision éthique de Lionel Poilâne, l’aliment, et les saveurs qu’il dégage, réjouit le corps et l’âme. La gourmandise serait, à cet égard, moins un péché qu’une vertu. Sans rentrer dans des considérations théologiques précises, chacun comprend l’idée. Après sa mort accidentelle en hélicoptère au début des années 2000, sa fille Apollinia se chargera de remettre elle-même au pape le texte posthume de la supplique.

    Le festin de Babette ou la civilisation à table

    Pour se convaincre de l’importance de la table, point besoin de se plonger dans l’ultime planche de chaque album des aventures d’Astérix et d’Obélix. Point besoin non plus de revisionner Les Visiteurs avec la drolatique envolée pleine d’appétit de Jean Reno à la table de Christian Bujeau et Valérie Lemercier : « Où sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques poissons avec de la bonne soivre, un porcelet, une chèvre rôtie, quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouche m’ont mis en appétit ! » Les crêpes à la chandeleur, la bûche de Noël, les chocolats à Pâques, les dragées lors des baptêmes, le festin à l’occasion des noces, toute la culture chrétienne est pétrie de ces déclinaisons festives qui prolongent la joie spirituelle jusque dans l’assiette ou dans la bouche. La première messe du Christ eut lieu lors de son dernier repas. L’Eucharistie, qui est l’autre nom de la sainte Cène, se traduit par “action de grâces”. L’indépassable Festin de Babette, film danois oscarisé en 1988, témoigne justement de la grâce d’un repas préparé avec soin et générosité. L’histoire raconte qu’au XIXème siècle, dans un village luthérien du Jutland, une jeune française, Babette, fuyant les ravages de la Commune, trouve exil comme cuisinière auprès de deux sœurs, filles de pasteur. Après avoir gagné une somme importante grâce à un billet de loterie, la cuisinière va transformer la petite communauté puritaine scandinave. Elle décide de dépenser, en secret, la totalité de la somme remportée pour réaliser un festin magnifique en vue d’apaiser les tensions et de réconcilier les cœurs.

    La petite musique culpabilisante sur laquelle jouent les écologistes fait perdre pied avec le réel. Le drame des actions coups de poing des associations antispécistes, tel L214, ne réside pas d’abord dans une appréciation déficiente du monde animal mais principalement dans la haine de l’homme tout court. S’asperger de faux sang devant des boucheries pour dénoncer le « meurtre » des vaches limousines pourrait prêter à sourire si de telles postures n’étaient pas animées par une vision pernicieuse du vivant. A force d’oublier l’ordre de la création et la valeur de l’âme humaine, les antispécistes en viennent à défaire la vie et finissent par désapprendre les vertus simples attachées à la joie d’une bonne entrecôte. L’univers mental de la gauche progressiste relève d’un monde postbiblique où l’homme a oublié que lui seul est doué d’une âme immortelle, créée à l’image de Dieu. « Retirez Dieu aux hommes, disait le curé d’Ars, et ils adoreront les bêtes ». Nous y sommes, et ce monde ne donne pas envie.

     

    Source : lesalonbeige