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terres gelées

  • D’anciens virus, vieux de 50 000 ans et provenant de terres gelées, ont été ressuscités pour être étudiés par des scientifiques

    Publié par Guy de Laferrière le 01 décembre 2022

     

    Avec l’augmentation des températures, de vastes zones de pergélisol (terres gelées depuis deux ans ou plus) fondent, libérant des matières piégées dans la glace depuis des milliers d’années, dont des virus potentiellement mortels. Pour nous permettre de mieux comprendre cette menace et de nous préparer aux futures pandémies, des scientifiques ont fait revivre un grand nombre de ces anciens virus.

    Image d’entête : en fondant, le pergélisol modifie le trait de côte (ici d’Alaska), libère du méthane et du mercure accumulé dans la matière organique, ainsi que d’anciens virus… (U. S Geologival Survey)

    Un seul gramme de pergélisol peut contenir des centaines de milliers d’espèces de microbes, dont bon nombre seraient capables de survivre à des environnements extrêmes. Même des agents pathogènes que l’on croit éteints pourraient encore se trouver dans le sol gelé. En 2016, un garçon est mort de la maladie du charbon suite à une vague de chaleur qui a fait fondre le sol et révélé une carcasse de renne hébergeant le virus.

    Dans une nouvelle étude, qui n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs, des chercheurs français de l’Institut de Microbiologie de la Méditerranée (IMM) de l’Université d’Aix-Marseille  (CNRS) expliquent comment ils ont pu identifier et faire revivre un groupe de 13 virus appartenant à cinq clades différents à partir d’échantillons collectés en Sibérie. Parmi ces clades, ils ont pu faire revivre un virus provenant d’un échantillon de pergélisol vieux d’environ 48 500 ans.

    Les chercheurs ont également fait revivre trois virus à partir d’un échantillon de crottes de mammouth congelées vieilles de 27 000 ans et d’un morceau de pergélisol contenant de la laine de mammouth. Les deux autres virus ont été isolés à partir du contenu de l’estomac congelé d’un loup sibérien. L’étude a montré que tous ces virus avaient encore le potentiel d’être des agents pathogènes infectieux. En d’autres termes, il s’agit exactement du type de virus qui peut poser des problèmes.

    Selon les chercheurs :

    Un quart de l’hémisphère nord est recouvert d’un sol gelé en permanence, appelé pergélisol. En raison du réchauffement climatique, le dégel irréversible du pergélisol libère des matières organiques gelées depuis un million d’années, dont la plupart se décomposent en CO2 et en méthane, ce qui renforce encore l’effet de serre.

    L’étude provient d’un groupe de chercheurs qui avait déjà fait revivre un virus vieux de 30 000 ans, trouvé également dans le pergélisol sibérien en 2014. Maintenant, avec le dernier groupe de virus, ils ont peut-être ressuscité le plus ancien à ce jour. Pour Jean-Michel Claverie, l’un des auteurs de l’étude, 48 500 ans, c’est un record mondial.

    Dans leur étude, les chercheurs soulignent qu’il reste encore beaucoup à faire pour mieux comprendre ces virus, car « très peu d’études » ont été publiées à ce sujet jusqu’à présent. L’augmentation des températures due au changement climatique risque de réveiller les menaces microbiennes dans le pergélisol, et chacune d’entre elles devra faire l’objet d’une réponse médicale spécifique, précisent-ils.

    Mais le pergélisol n’est pas le seul problème. Le réchauffement des températures entraîne également la migration d’un plus grand nombre d’animaux vers le nord, ce qui pourrait mettre les virus en contact avec de nombreux nouveaux hôtes potentiels et augmenter le risque de propagation des virus d’une espèce à l’autre. Des phénomènes de contagion similaires ont été à l’origine de l’émergence de pandémies récentes telles que le SRAS-CoV-2.

    Selon les chercheurs :

    Il n’existe pas d’équivalent aux « antibiotiques à large spectre » contre les virus, en raison de l’absence de processus médicamenteux universellement conservés dans les différentes familles virales. Il est donc légitime de s’interroger sur le risque que d’anciennes particules virales restent infectieuses et soient remises en circulation par le dégel d’anciennes couches de pergélisol.

    L’étude disponible en prépublication dans bioRxiv : An update on eukaryotic viruses revived from ancient permafrost.

     

    Source GuruMed