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  • La routine française

    Publié par Guy de Laferrière le 08 mars 2023

    synthesenationale

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    Yves Thréard

    Le cortège parisien ne s’était pas ébranlé que Philippe Martinez avait déjà qualifié la journée d’historique. Certes, il y avait du monde dans la rue, ce mardi, mais ce fut le cas à plusieurs reprises depuis janvier, ainsi qu’en 2003 et surtout en 2010, année de manifestations imposantes. En France, une réforme des retraites qui allonge la durée légale du travail fait toujours recette contre elle. À chaque fois, on assiste donc à un spectacle identique, ou presque. La routine d’un pays couleur sépia, qui peine à regarder l’avenir dans les yeux et qui rejoue invariablement la même pièce. Avec cette question, elle aussi immuable : qui, du front syndical ou du pou- voir exécutif, va céder ? L’avantage irait plutôt au second. Un coup de théâtre est possible, mais la réforme devrait, d’une façon ou d’une autre, être adoptée d’ici à la fin du mois de mars. Reste une inconnue : un blocage du pays serait-il alors susceptible de remettre cette décision en cause ?

    Quel que soit celui des deux acteurs qui craque, le jet de l’éponge serait pour lui terrible. L’exécutif signerait quasiment son arrêt de mort. Faute d’une autorité suffisante pour conduire d’autres réformes d’envergure, il serait réduit à la gestion des affaires courantes. Les syndicats, quant à eux, essuieraient une énième défaite qui les obligerait sans doute à changer complètement de mode d’action et d’usages pour se faire mieux en- tendre. Il est vrai que d’appeler à «mettre l’économie à genoux» quand les Français ont le regard rivé sur leur pouvoir d’achat n’est peut-être pas le meilleur mot d’ordre !

    En attendant de connaître le résultat du bras de fer, le texte contesté est réduit à sa portion congrue. La fin des régimes spéciaux ne serait pas pour tout de suite et les fonctionnaires garderaient leur mode de calcul dérogatoire. Quant aux 13 milliards d’euros d’économies promis, ils ont fondu comme neige au soleil avec tous les aménagements concédés. Si elle passait, la réforme concernerait moins d’un Français sur deux. Pour sauver le système de retraite par répartition, une autre s’imposerait donc bientôt. La routine française, encore et toujours...

    Source Le Figaro 8/3/2023

  • Un climat délétère

    Publié par Guy de Laferrière le 08 mars 2023

    Le billet de Patrick Parment 

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    La grève organisée mardi 7/3 par l’ensemble des syndicats qui eux-mêmes ne représentent plus la classe ouvrière depuis belle lurette, est tout à la fois une journée de dupes et l’expression du ras-le-bol d’un peuple en fort désaccord avec ses élites. Passons sur le paradoxe qui veut que les syndicats ne sont puissants que dans la fonction publique, là où les employés sont le plus protégés, mais aussi les plus à même de bloquer  tout un pays (SNCF, administration, etc.) au même titre d’ailleurs que les employés de TotalEnergie, fort bien traités au demeurant. Il y a là quelque chose de suicidaire de  s’attaquer à l’un des rare fleuron qui marche encore dans ce pays dévasté industriellement par sa classe politique. Si TotalEnergie gagne de l’argent, l’Etat et donc les contribuables en sont les premiers bénéficiaires. On peut en dire autant des entreprises du CAC 40, car le problème n’est pas tant la hauteur de leurs bénéfices que la mauvaise répartition de ces bénéfices. De voir par exemple, le Pdg de Renault, empocher plus de dix millions d’euros de salaire est un authentique scandale. Et c’est là que peche la politique d’un Emmanuel Macron qui verse dans ce que le capitalisme a de plus odieux par les temps qui courent : de rendre plus riche les riches et d’appauvrir le reste de la population. J’exagère ? A peine !

    Car cette journée de grève, particulièrement suivie n’a pas pour unique ressentiment la réforme des retraites, mais bien une manifestation de ras-le-bol de la politique du chef de l’Etat dont on ne sait où il veut en venir. La France est un bateau ivre qui navigue au gré du vent. D’autant que cette absence de vision – la France pour quoi faire ? – se double des incohérences des décisions bruxelloises aux mains d’une inique Commission dont les membres ne sont pas élus. L’Europe dans rivages, titrait déjà dans les années 1950 le grand économiste François Perroux.

    Il serait malhonnête de tout mettre sur le dos de Macron tant celui-ci hérite des erreurs de ses prédécesseurs. Depuis Giscard, aucun président n’a fait valoir une vision de la France comme ce fut le cas sous De Gaulle et Georges Pompidou. Depuis Mitterrand et ses successeurs, la France n’a cessé de se désagréger faute d’ambition, de lucidité (voir le dossier nucléaire par exemple), et surtout de courage politique. D’ailleurs, tous n’ont en aucun cas fait de la politique mais se sont montrés gestionnaires de leurs propres intérêts et de ceux de leur parti respectif. Sauf Mitterrand, peut-être, qui a fait cocu les socialistes et flingué le PS.

    Inutile de dire que la décision européenne de prendre le parti de l’Ukraine n’a en rien arrangé nos affaires. On a ainsi pu mesurer le degré d’aveuglement de toute la classe politique européenne et son degré de servitude à « l’ami américain ».

    Michel Audiard disait qu’il ne fallait pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. Et bien il ne faut pas prendre non plus les Français pour des canards boiteux claudiquant sans tête. Les Français ont bien compris dans quelle mélasse les avaient entraîné leurs (sous)hommes politiques et leurs partis divers et variés emmêlés dans leurs querelles internes. Du coup, plus personne se ne rend aux urnes.

    Alors peut avoir lieu le bal des guignols à la Mélenchon, Faure, Ciotti, Roussel, Martinez, Berger et consorts, les Français ont bien conscience qu’on les mènent vers l’abîme. Tant qu’ils n’auront pas une raison d’exister, la rue sera leur terrain de jeu et quand les frigos seront vides, viendra le temps de la révolution.

     

    Source : synthesenationale

  • Toulon : un dealer migrant clandestin sous OQTF blesse des policiers jeudi, est relâché, puis récidive lundi

    Publié par Guy de Laferrière le 07 mars 2023

    Interpellé dans la cité des Œillets jeudi dernier et remis en liberté, ce Tunisien en situation irrégulière a de nouveau blessé un policier ce lundi et été placé en garde à vue.

    (…)

    Un clandestin tunisien, sous le coup de trois obligations de quitter le territoire français (OQTF), a agressé et blessé un policier, en le mordant au sang à la main gauche, sur un point de deal de la cité des Œillets, à Toulon, dans le Var, vers 23h ce lundi soir, selon nos informations.

    Valeurs Actuelles via fdesouche

  • Mais qu’est donc allé faire Macron en Afrique ?

    Publié par Guy de Laferrière le 07 mars 2023

    Chaque fois que Macron va en Afrique, on attend quelque catastrophe. Et elle arrive.

    Hélas, il y va souvent.

    La semaine dernière, il est allé au Congo Kinshasa, au Congo Brazzaville et au Gabon.

    On croit savoir pourquoi au Congo Kinshasa : les Congolais avaient peu apprécié les relations incestueuses que Macron avait instaurées au début de sa présidence avec Paul Kagame, le dictateur du Rwanda, responsable de 4 millions de morts sur le territoire du Congo depuis 1977 et du pillage de ses ressources du Kivu.

    Macron est allé jusqu’à tendre la joue gauche au nom de la France quand Kagame accusait, sans le moindre fondement comme l’a montré une décision de justice récente, l’armée française de crimes contre l’humanité dans l’opération Turquoise (juin-septembre 1994), opération pacifique parrainée par l’ONU.

    Longtemps, les Congolais n’ont rien dit, ne serait-ce que parce que leur président Laurent Kabila, installé par Kagame, était sous la tutelle de ce dernier.

    Avec le nouveau président Felix Tshisekedi, les Congolais commencent à se réveiller. Et dans ce pays où la France était plutôt bien vue, ils n’étaient pas contents de ces accointances.

    Alors que Kagame se remet à envahir le Congo du Nord-Est, ce sentiment s’exaspère.

    Macron s’est d’abord fixé le but de le calmer.

    C’est mal parti. Une nouvelle fois, il leur a fait la leçon avec morgue : « Depuis 1994, vous n’avez jamais été capables de restaurer la souveraineté ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays. C’est une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur. »

    Ce disant, il oublie les innombrables interventions étrangères dans le Congo Kinshasa, dont celles de Kagame, qu’il a tant choyé.

    Il y a quelque temps, il avait sans doute été chargé par Washington de remettre dans le rang les Africains qui n’avaient pas voulu condamner les Russes à l’ONU.

    Il n’a rien trouvé de mieux que de les traiter collectivement de « lâches ». Comme si, sous tous les continents, le courage était d’être pro-occidental.

    Et c’est toujours comme cela que se passent ses voyages. Au début de son mandat, reprenant les poncifs de café de commerce, il avait appelé au Burkina Faso les Africains à réduire leur natalité : ingérence indiscrète et ignorance que la natalité était déjà en baisse en Afrique.

    L’ignorance, les mauvaises manières et surtout la personnalité narcissique et méprisante de l’intéressé sont violemment rejetées.

    Les repentances à répétition (encore récemment au Cameroun) n’améliorent pas les choses.

    Sous ces latitudes, on sait qu’un homme, un vrai, ne passe pas son temps à s’humilier.

    Les Africains dénoncent le néo-colonialisme mais, en réalité, ce qu’ils détestent chez nous, ce sont les évolutions libertaires de type woke, spécialement la théorie du genre et tout ce qui en découle.

    Nous les dégoûtons et ils nous méprisent ; ils pensent que nous sommes des décadents.

    Outre ces faits de base, les griefs sont aujourd’hui variables d’un pays à l’autre.

    Notre présence militaire a été jugée trop lourde au Mali et pas assez en Centrafrique.

    Nous n’avions aucun problème avec Kinshasa avant notre absurde collusion avec Kigali.

    Les autres pouvoirs occidentaux ne sont pas en reste, surtout ceux (États-Unis, Union européenne) qui ont voulu sous ces latitudes jouer les missionnaires LGBT.

    Le voyage au Congo-Brazza était de routine.

    On ne pouvait pas faire une visite au Congo ex-belge sans aller au Congo ex-français.

    Le présidant Denis Sassou Nguesso, venu au pouvoir pour la première fois en 1997, avait au début flirté avec le communisme mais est devenu ensuite notre meilleur appui dans la région.

    Pareil pour le Bénin.

    Des puissances comme la Russie et la Chine lassent vite sous les tropiques et les pays qui se sont laissés séduire se tourneront probablement, un jour, à nouveau vers nous.

    Macron visite aussi le Gabon. Belle récompense pour un pays, ex-fleuron de l’Afrique équatoriale française, qui vient de rejoindre le Commonwealth.

    Si le représentant de la France avait eu quelque dignité, il l’aurait battu froid.

    Pour que la France soit à nouveau admise en Afrique, il faut qu’elle offre vite un nouveau visage. Et pour que, en attendant, nos relations ne s’aggravent pas, par pitié que celui dont nous parlons n’y remette plus les pieds !

    Roland Hureaux, essayiste

     
  • D’Antioche à Antakya, des premiers chrétiens à l’annexion turque, par Antoine de Lacoste

    Publié par Guy de Laferrière le 07 mars 2023 

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    Le tragique tremblement de terre qui a ravagé le sud-ouest de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie a particulièrement touché Antakya, qui n’est plus qu’un champ de ruines.

    Antakya est le nouveau nom d’Antioche, ville si importante pour les chrétiens car c’est là que ce mot a été utilisé pour la première fois.

    Sous l’Empire romain, Antioche fur la capitale de la Syrie et comptait 500 000 habitants. C’était une ville somptueuse dont la rue principale comportait 3200 colonnes. La tradition a fait de Saint Pierre son premier évêque mais c’est Saint Ignace d’Antioche qui organisera cette église jusqu’à son martyre survenu vers 110.

    annexion turque,antakya,antioche,premiers chrétiensRavagée par un tremblement de terre en 526 (il y en eut beaucoup) puis par les Perses en 540, elle perdit de son importance. Turcs et Byzantins se la disputèrent et les Croisés s’y battirent héroïquement. Elle fut définitivement détruite par le sultan mamelouk Baybars en 1268.

    Un des rares vestiges de sa glorieuse époque chrétienne est l’église Saint Pierre, qui fut peut-être la première église de l’histoire. Creusée dans la roche, elle a résisté à tout.

    Mais comment Antioche est devenue Turque ?

    Il faut remonter au mandat français pour comprendre ce qui s'est passé. Au lendemain de la première guerre mondiale, les alliés confient à la France un mandat pour administrer et développer les territoires de la Syrie et du Liban afin de les amener progressivement à l'indépendance. Les accords Sykes-Picot de 1916 avaient déjà réglé la question de la frontière avec l'Irak dont l'administration est confiée aux Anglais. L'Etat islamique abolira d'ailleurs symboliquement cette frontière en 2015 pour montrer que le califat a une vocation universelle.

    Pour exercer ce mandat, la France nomme en 1920 le général Gouraud Haut Commissaire au Levant (nom englobant la Syrie et le Liban). Le Général Weygand lui succédera en 1923.Pour composer avec tous les acteurs de cette pièce si orientale, ils vont successivement morceler le territoire en 6 parties : le Liban (dont il proclame l'indépendance symbolique mais qui ne le sera vraiment qu'en 1943), l'Etat de Damas, l'Etat d'Alep, le Territoire autonome des Alaouites (d'où est issue la famille Assad), le Djebel Druze et le Sandjak d'Alexandrette, au nord-ouest, où se trouve Antioche.

    Le Général Weygand justifiera cette décision dans ses mémoires :"Pourquoi pas un seul Etat dans lequel on eût réservé au Liban un statut ? C'est que les Libanais refusèrent catégoriquement le maintien d'une servitude dont ils avaient souffert dans le passé; que le pays d'Alep, habitué par les débouchés de son commerce à regarder vers le nord ne tenait pas à lier son sort à celui de Damas; qu'enfin les Alaouites exprimèrent sans détour leur volonté de jouir de l'autonomie sous la protection de la France. Il apparut alors plus avantageux de reconnaître ces autonomies."

    Le Sandjak d'Alexandrette relève d'une autre logique, nettement plus discutable : ilfaut négocier avec les Turcs après qu'ils nous aient repoussés de Cilicie en 1920 sous l'impulsion de Mustapha Kémal dont l'armée se rapproche alors dangereusement d'Alep. Or une importante minorité turque vit dans ce sandjak (mot qui signifie subdivision administrative) où elle cohabite avec des turkmènes, des arabes sunnites, des alaouites et des chrétiens dont beaucoup d'Arméniens qui ont fui les persécution turques et se sont mis sous la protection de la France.

    Mustapha Kémal va tomber amoureux de cette région verte et vallonnée baignée par l'Oronte et veut l'annexer à la Turquie. Pendant des années il va organiser l'implantation de milliers de turcs afin de les rendre majoritaires et la France laisse faire.

    En 1936, Ankara devient plus pressante. En effet, le nouveau gouvernement français du Front Populaire signe un traité avec la Syrie organisant la marche vers l'indépendance. Paris cède en outre sur deux points essentiels pour les Syriens : les territoires druzes et alaouites feront partie de la future Syrie.

    Les Turcs sont inquiets de l'apparition programmé de ce nouvel Etat et saisissent l'occasion pour exiger une concession sur le Sandjak d'Alexandrette. La France cède, en échange de la neutralité de la Turquie en cas de guerre avec l'Allemagne. Un accord est signé en 1938 et les troupes turques pénètrent aussitôt dans le sandjak. Un referendum est organisé, des milliers de nouveaux électeurs turcs s'installent (de force pour beaucoup d'ailleurs) et le sandjak est officiellement rattaché à la Turquie.

    Alexandrette devient Iskenderun et Antioche Antakya…

    Pour les Arméniens, un nouvel exode commence et la plupart s'installent au Liban. C’est dans le sandjak d’Alexandrette que quelques centaines d’Arméniens résistèrent héroïquement aux Turcs pendant le génocide, sur la montagne du Mussa Dagh pendant 40 jours (on peut lire le très beau roman de Franz Werfel, Les 40 jours du Mussa Dagh). Les Arabes sunnites s'en allèrent également pour rejoindre Alep notamment. Seuls restèrent les Alaouites, car la plupart étaient ouvriers agricoles et indispensables aux nouveaux dirigeants turcs qui ne les laisseront pas partir.

    C'est ainsi qu'Antioche est devenue turque et ce n'est pas à l'honneur de la France. Pour la Syrie c'est une spoliation qui n'a jamais été acceptée.

    Aujourd’hui, Antioche est encore détruite. Il ne reste pas grand-chose mais il semble bien que l’Eglise Saint Pierre ait résisté, protégé par la roche. Certes, elle est rudimentaire mais sa pérennité est le témoin d’un glorieux passé qui est aussi le notre.

     

    Source : lafautearousseau