Publié par Guy Jovelin le 04 juillet 2019
Quand Jean-Claude Juncker évoque « un moment historique », il est recommandé de sortir son casque et son bouclier. Malheureusement, ces accessoires ont été confisqués par la clique bruxelloise qui continue plus que jamais de couler le navire européen à coups de traités honteux. Le dernier en date est de taille puisqu’il concerne le Mercosur avec lequel l’UE a conclu la quasi-fin des droits de douane sur tous les produits imaginables. Des voitures au textile en passant par les denrées alimentaires, c’est opération portes ouvertes sans fermeture possible. Un non-sens économique et écologique qui va se payer au prix fort pour les Européens et les Français en particulier.
La fin programmée des agriculteurs européens
Alors que les agriculteurs européens sont harcelés pour ne produire que du bio (qui sera vendu hors de prix à des prolétaires qui ne peuvent se payer que de la malbouffe), nos travailleurs de la terre sont aujourd’hui mis en concurrence avec leurs lointains collègues sud-américains. L’accord de libre échange signé par Juncker et sa clique juste avant de tirer leur révérence constitue une menace mortelle pour nombre d’agriculteurs et d’éleveurs qui ne pourront jamais rivaliser avec des produits – certes parfois mauvais pour la santé – mais dont le coût est si faible qu’ils pourront aisément envahir les tables des dizaines de millions d’Européens trop pauvres pour être vraiment regardants sur la qualité des produits.
Les agriculteurs et éleveurs vont finir d’être assassinés par une Union européenne qui n’a rien à faire de personnes qu’elle considère comme de misérables gueux terreux trop éloignés de l’image moderne et rayonnante d’un continent pourtant en pleine décadence. Pour Bruxelles, l’essentiel est ailleurs. Il faut vendre ses services et les trop rares industries qui sont encore compétitives au reste du monde. C’est pourquoi l’accord signé avec le Mercosur prévoit notamment que les entreprises européennes soient traitées sur un pied d’égalité avec les entreprises sud-américaines lors des appels d’offres. Une farce quand on sait que la plupart des marchés s’obtiennent grâce à des dessous de tables – peu importe d’où ils proviennent.
L’UE se réjouit et en bon libéral qu’il est, Emmanuel Macron se satisfait d’un « bon accord ». Le président crie victoire, mais se dit aussi « vigilant » pour répondre aux accusations de trahison dont il fait légitimement l’objet. Pendant quelques semaines, la Macronie avait joué un couplet bien étrange en prétendant que le monde agricole était à fond derrière Manu le beau parleur. La preuve, la liste pour les européennes emmenée par Nathalie Loiseau comprenait quelques paumés de l’agriculture assez ignorants pour faire la promotion d’En Marche ou assez pervers pour accompagner jusqu’à l’échafaud leurs collègues en change d’une place sous le soleil bruxellois.
Le retour à la réalité est terrible, mais le Gouvernement est là, une fois de plus, pour soi-disant veiller à l’intérêt des Français. « Nous avons nous un certain nombre d’exigences, en terme environnemental, sanitaire », affirme sans sourciller Sibeth Ndiaye. Cela consiste surtout à s’assurer que « le Brésil en particulier reste dans l’accord de Paris ». Un accord pas respecté par la plupart des pays – en premier lieu la France – mais qu’il est de bon ton de brandir de temps en temps pour se donner l’image de champion de la Terre… L’écologie c’est bien pour glaner des voix aux élections, mais le «libre-échange, ce sont aussi des opportunités », donc c’est encore bien mieux. L’ancien ministre de Macron, Nicolas Hulot, aura dire que « cet accord est complètement antinomique avec nos ambitions affichées et, surtout, avec la réalité de ce qu’il faut faire », la potion a déjà été versée dans le verre et il est interdit de la refuser.
Les menaces de non-ratification de l’accord avec le Mercosur ne sont là que pour amuser la galerie. Ndiaye peut continuer à dire que beaucoup dépendra des résultats du traité de libre échange avec le Canada (CETA), celui avec le Mercosur sera finalement ratifié. La machine libérale ne peut pas se permettre un énorme échec, car si elle n’avance pas elle meurt. Peu importe que les producteurs européens et que la forêt amazonienne soient décapités au passage…
Source : 24heuresactu