Un poil « too much », non ? Depuis qu’ils ont débarqué à 89 au Palais-Bourbon, les députés du Rassemblement national jouent les élèves modèles. Costume-cravate, consensualisme affiché, volonté de se montrer coopératifs… En conférence des présidents de groupe ce jeudi, Marine Le Pen a poussé le curseur un peu plus loin : elle a carrément demandé à ce que, dans l’hémicycle, ses troupes siègent… à gauche du groupe Les Républicains ! « De manière plus centrale », précise une personne présente à la réunion, qui s’est diablement éternisée. Un tel changement, s’il advenait, rangerait donc les LR à l’extrême droite de l’hémicycle de l'Assemblée nationale. Tout un symbole.
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Inutile de dire que la demande de Marine Le Pen a été rejetée. Elle a provoqué plus d’un haussement de sourcils. Notamment ceux de Jean-Paul Mattei, patron du groupe MoDem. « Elle est quand même gonflée Marine, franchement », se gausse à pleines dents un proche de François Bayrou, amusé par la rouerie de la députée du Pas-de-Calais. Poids lourd du groupe RN, Jean-Philippe Tanguy a fait partie de ceux qui ont conseillé à la cheffe de faire cette requête en conférence des présidents. « On a fait la même demande au conseil régional des Hauts-de-France, je ne vois pas au nom de quoi on ne la ferait pas à l’Assemblée », justifie le député de la Somme.
« UN JOUR, ÇA CÉDERA »
L’accumulation de gestes pour obtenir un brevet de respectabilité commence à se voir un peu. Elle est raccord, néanmoins, avec la stratégie de dédiabolisation mise en œuvre de longue date par Marine Le Pen. Dédiabolisation qui, avec la surprise des 89 députés RN élus le 19 juin, prend des airs de « notabilisation ». « C’est la même logique depuis qu’ils sont arrivés ! "Le RN, c’est le nouveau RPR, on se normalise", etc. », observe un ponte macroniste.
Une bonne partie des LR est déjà fort attrié par le tropisme Manu I/II. Et, comme il faut "Lutter contre les extrêmes" à savoir LFI et RN mis dans le ...Lire plus
« On ne se positionne pas à l’extrême droite, point. Si on part du principe que c’est toujours “non” pour ne plus avoir cette étiquette, alors on subit. Nous, on ne subit pas, voilà », raisonne de son côté Jean-Philippe Tanguy. « L’hémicycle, dans l’inconscient collectif, a façonné le clivage gauche/droite. Un jour, ça cédera. » De là à inverser les rôles avec la droite qui se veut héritière du gaullisme…