Publié par Guy Jovelin le 14 juillet 2020
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Bac 2020 : la grande cuvée a bien eu lieu
Publié par Guy Jovelin le 14 juillet 2020
Au pays des grosses feignasses, tout roulait comme sur des gommettes, c’est-à-dire n’importe comment puisque Jean Michel Toutvabien avait évolué en Jean-Michel Jimprovise. Si l’intrigue de la saison 01 reposait sur un arc narratif du type “on ne confinera pas mais en fait si”, la saison 02 s’est studieusement penché sur la définition raisonnable de la distance diaphane qui correspondrait à un mètre.
Alors que l’année s’achevait, Jean-Michel Jimprovise a eu une poussée d’honneur. Il fallait que chaque élève soit pris par la main et retrouve le chemin de l’école. Pour cela, l’administration s’est donc fendue d’un Protocole Sanitaire n°1 condensé en soixante pages A4 palpitantes de sabir bureaucratique.
Ainsi, il fallait quatre mètres autour de chaque élève, organiser des sens de circulation, alterner les entrées et sorties des différentes classes, désinfecter entre chaque classe et mettre du gel hydroalcoolique partout alors que dans le Monde d’Avant, on n’avait même pas de savon dans les toilettes (ce qui constitue déjà, on le reconnaîtra, un remarquable progrès).
Avec de telles mesures, les élèves revenaient, pour deux jours chacun, sur la base du volontariat de parents qui n’étaient pas nécessairement trop chauds à prendre ce risque pour deux jours, éventuellement trois.
Ces réticences poussèrent l’administration à faire preuve de sa légendaire souplesse : puisque le Protocole n°1 semblait insuffisant à motiver la marmaille, elle a donc improvisé le protocole sanitaire n°2, puis, dans son habituelle foulée svelte et enlevée, le n°3 – toujours en soixante pages d’alinéas veloutés – et inventé le mètre latéral de distanciation à longueur variable suivant les circonstances, assortissant le tout de menaces envers les parents encore réticents malgré la subtile introduction d’un nouvel acronyme pondu pour fêter ça : le 2S2C, à savoir le dispositif Sport-Santé-Culture-Civisme, véritable “dispositif éducatif et ludique” . Ici, le niveau de frétillement bureaucratique est facilement au-dessus de 9000. Question d’honneur.
Tout le monde s’est donc pris la tête pour lire ces broderies protocolaires de soixante pages, pour déménager des tables, pour organiser des sens de circulation et des emplois du temps pour apprendre par PravdaTV dans une gestion du personnel quasi-épiphanique que finalement non.
On aura au passage une pensée émue pour tout le personnel de ménage qui, pour un salaire misérable et une invisibilisation complète, permet que le corps enseignant continue chaque jour à travailler.
Et puis vint la cerise de ouate de phoque concentré sur le gros gâteau de n’importe quoi que fut cette année scolaire : le baccalauréat fut aménagé parce qu’il fallait bien que les Jean-Enzo qui n’ont rien fichu de l’année ne plombent pas trop les statistiques.
Rassurez-vous : la recette est simple et avec une pincée d’arsenic métaphorique.
- On prendra soin de faire faire aux professeurs le boulot des secrétariats de baccalauréat gratuitement. On leur demandera de rentrer les notes en arrondissant au point supérieur systématiquement. Certains passeront ainsi des heures consistant à mettre 11 à des élèves à 10,01 de moyenne, sur des trouzaines de disciplines.
- On convoquera ensuite des jurys de baccalauréat pour examiner si, lycée par lycée, il ne faudrait pas rajouter un point à tous les élèves d’une cohorte parce que les résultats sont en dessous des résultats de l’année dernière, fût-ce pour un élève, mais surtout on expliquera aux professeurs que ce dispositif est mis en place pour garantir “le niveau d’exigence du baccalauréat” bien qu’ils ne puissent que remonter les notes. If you laugh, you loose.
- On reconvoquera le jury pour examiner les cas individuels, histoire d’éplucher les cas qui sont “à la barre”, c’est-à-dire ceux qui, malgré les arrondis putassiers déjà pratiqués, sont encore un peu en dessous de quelques points pour l’avoir, passer à l’oral ou avoir une mention. À ceux-là, on pourra éventuellement donner des points si le bulletin montre que l’élève est sérieux. Ce point est classique et logique. C’est ce qu’on appelle un jury de délibération. On peut donner des points à un élève auquel il en manque deux pour avoir l’oral, le baccalauréat ou une mention, qui a été sérieux et volontaire toute l’année. On n’est pas des monstres. Evidemment, cette année, cette étape s’ajoute aux deux précédentes, déjà généreuses…
- Sous couvert de “simplification”, improvisons des sous-jurys et le jury ; et pour info, si les résultats ont été si tardifs, c’est précisément à cause de cette “simplification” : si, avant, le jury de délibération était souverain, cette année en revanche ses décisions sont méticuleusement examinées par un méta-jury qui peut encore décider de monter les points qui à ce train ne font plus de l’escalade mais sont véritablement hélitreuillés à de nouveaux sommets.
- Au fait, lors du point 2, on aura soin de bien rappeler aux professeurs qu’ils sont tenus au secret parce que si la pédophilie est masquée, étouffée et niée au sein de l’institution, la désobéissance civile, non. Il y a des limites à tout.
- En bout de course, on finit par avoir beaucoup trop d’élèves pour les facultés puisqu’on n’a évidemment pas anticipé l’explosion démographique, et ce quand bien même les professeurs bassinent l’institution sur ce sujet depuis dix ans, en alertant notamment que si on continue à distribuer ainsi le baccalauréat à tout le monde, l’université va finir par exploser.
Cette recette, appliquée cette année avec un dosage particulièrement peu subtil, aura permis à Jean Michel Jimprovise de faire un beau parcours : outre sa reconduction comme ministre de l’usine à bacheliers au gouvernement Castex, il peut maintenant présenter des chiffres de réussite obscènes dignes d’une production céréalière en plan quinquennal d’un pays soviétique.
Bien sûr, personne n’est dupe : tout le monde a maintenant compris que ce diplôme ne signifiait plus rien, qu’on a ainsi transformé, à leur corps défendant, les professeurs en simples tampons encreurs dans un processus à la fois inutilement complexe et parfaitement artificiel, et pire que tout, qu’on a complètement dissout toute notion de compétition et toute valeur du travail fourni au profit d’un mensonge honteux d’égalité et de justice sociale qui, ultimement, sera directement préjudiciable à tous les étudiants.
Merci Jean-Mimi. C’est aussi grâce à toi que ce pays est foutu.
> H16 anime le blog Hashtable.
Source : ndf
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La France, homme malade de l’Europe ?
Publié par Guy Jovelin le 14 juillet 2020
Ce n’est pas très agréable mais c’est une évidence ! La France est « l’homme malade de l’Europe » ! Depuis que le Tsar Nicolas 1er avait employé cette expression à l’encontre de l’Empire Ottoman, elle a fait florès. Elle désigne l’Etat qui s’enfonce, qui se noie, qui est à la veille de disparaître : les empires turc ou autrichien se sont ainsi disloqués après que ce diagnostic les eut visés . On n’imagine pas qu’un tel destin puisse advenir à notre pays… Et pourtant, des décennies de mauvaise gouvernance, une économie en capilotade, des finances vérolées, des services publics de moins en moins performants, une nation qui « s’archipélise », un peuple qui s’éloigne avec dégoût des isoloirs et des urnes… Les symptômes du mal sont nombreux et envahissants, mais l’oligarchie politique, administrative, financière et médiatique qui publie les bulletins de santé se veut rassurante. Un cancer ne peut pas être un bon médecin.
45 ans de déficits budgétaires, un endettement qui croît d’année en année, des prélèvements obligatoires qui atteignent des sommets, une dépense publique de moins en moins maîtrisée, un commerce extérieur déséquilibré à notre détriment, une industrie qui joue les peaux de chagrin, un chômage qui gangrène la population active, une atmosphère politique qui désespère les citoyens. Plus personne n’ose parler du « modèle français » qui ressemble de plus à un épouvantail : la caricature de ce qu’il ne faut pas faire ! Les Français, en bons catholiques croyants ou non attendaient tout du Dieu-Etat, plutôt que d’eux-mêmes. Une élite reconnue pour sa compétence dirigeait tout depuis Paris, se procurait en impôts les moyens d’une providence inégalitaire auprès des Français assistés. La redistribution compensait royalement les inégalités. Les Français, par coutume, râlaient, mais oscillant entre une gauche « généreuse » avec l’argent factice et une droite élue avec des promesses de matamore et rejetée après un bilan timoré, ils accumulaient les avantages, la diminution du temps de travail, dans la vie, dans l’année, dans la semaine, les emplois publics hyper-sécurisés, comme si l’heure des comptes ne viendrait jamais. Le peuple souverain avait, puisqu’il était le roi, fait sienne la maxime prêtée sans doute à tort à Louis XV : « Après moi, le déluge » ! L’explosion des familles considérée comme un « progrès », et la déconstruction systématique de l’enseignement de notre histoire ont brisé la chaîne générationnelle. « Carpe Diem », « Cueille le jour présent », ce précepte hédoniste d’Horace est sympathique chez les poètes, disparus ou non, mais devrait conduire les politiciens qui s’en réclament devant le tribunal du peuple. Gouverner, c’est prévoir… prévoir, non sa réélection, mais les mesures qui peuvent assurer le salut public, le bien commun au moins à moyen terme….
Lorsque la dépense publique atteint 57% du PIB d’un pays (Allemagne : 44%), que les prélèvements obligatoires vampirisent sa production de richesses à hauteur de 46% ( Allemagne 37%), on peut espérer que le socialisme au pouvoir garantisse au moins des services publics irréprochables, une formation performante des enfants, une protection de tous les habitants, ou au moins des nationaux, face au aléas de l’existence, comme les maladies, les catastrophes naturelles, les accidents, et la délinquance, présente dans tous les pays, mais à des degrés divers. La Scandinavie est souvent donnée en exemple de ce choix politique. Ce n’est déjà plus tout-à-fait vrai pour la Suède qui a entrepris des réformes il y a des décennies quand elle était au bord du gouffre. Le Danemark fait encore bonne figure, mais il est désormais derrière la France pour la dépense publique et les prélèvements… et il a gardé sa monnaie et bénéficie d’une fiscalité qualitativement très différente de celle que nous subissons, notamment en ayant mis en oeuvre la TVA sociale depuis très longtemps.
La maladie française se traduit par le fait que justement, dans notre pays écrasé de taxes, de réglementations, et pourvu d’une armée de fonctionnaires (qui confirme la boutade de Clémenceau : “La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.”), les administrations fonctionnent mal, les services ne sont plus assurés au public, et cela d’autant plus qu’ils sont plus nécessaires. L’Etat régalien ne remplit plus, ou très mal, ses missions : c’est avec effroi que les Français ont appris que Dijon avait été abandonnée pendant plus de deux jours à un règlement de comptes entre Tchetchènes et Maghrébins, armés ! Mais depuis, une gendarme ( Mélanie Lémée), un chauffeur de bus (Philippe Monguillot), et bien d’autres victimes soulignent « l’ensauvagement » d’un pays qu’on a transformé en un vaste terrain vague en forme d’hexagone destiné à accueillir tout la misère du monde. Partout, aux yeux de tous, une économie de trafics se répand, les zones de non-droit prolifèrent, et ce sont désormais les gendarmes, les policiers, mais aussi les pompiers, les personnels des urgences qui ont peur ! Pasqua disait qu’il fallait terroriser les terroristes ? Maintenant, la peur du gendarme, c’est la peur de celui qui dit à ses enfants : « surtout, à l’école, ne dîtes pas que papa ou maman sont gendarmes ou policiers ! La Justice est toujours à la portion congrue, mais contaminée par l’idéologie et la politique, elle étale au grand jour son impuissance et parfois sa nocivité. Qu’en pensent les parents de Thomas qu’un délinquant libéré trop tôt a assassiné ? L’école dont nous étions si fiers descend une à une les marches du classement PISA. C’est l’extrême-Orient qui brille désormais, comme c’est le cas aussi en matière de santé. Sans doute ce domaine est-il le mieux placé pour que les Français prennent conscience de la maladie. Nous pensions avoir le meilleur système de santé du monde : il a été terrassé par le Covid-19 !
Source : ndf
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Notre ennemi Erdogan
Publié par Guy Jovelin le 14 juillet 2020
La décision autoritaire d’Erdogan, d’abolir le décret de 1934, par lequel les kémalistes avaient transformé en musée mondialiste, l’ancienne basilique de Sainte-Sophie, profanée depuis le XVe siècle, n’a guère ému, concrètement, nos sociétés de consommation. Juste ce qu’il faut pour se prévaloir d’une bonne conscience factice. Elle ne change pas les projets de vacances du tourisme de masse.
Elle aura interrogé, en revanche, dès le 10 juillet, avant même la réouverture de la prière musulmane prévue pour le 24, les chancelleries et les rédactions des pays civilisés.
Dès le mois de juin, en effet, le patriarche œcuménique Bartholomée, probablement la personne la plus compétente pour parler du sujet, avait averti quant aux réactions à long terme : la transformation de Sainte-Sophie en mosquée pourrait “monter des millions de chrétiens dans le monde contre l’islam[1]”.
Ajoutons à ce stade que, coordinateur des droites européennes, de culture chrétienne, Manfred Weber, qui représente le principal groupe du parlement de Strasbourg, a clairement mis les choses au point. “Les provocations d’Erdogan appellent une réponse forte” souligne-t-il[2].
Dans son discours révélateur du 10 juillet, Erdogan prétend triomphalement que cette démarche “rallume le feu de l’espoir des musulmans et de tous les opprimés, ceux qui ont fait l’objet d’injustice, qui ont été piétinés et exploités”. Car en toutes circonstances le double langage islamo-révolutionnaire néo-ottoman mélange toujours, systématiquement, la rhétorique victimaire et vengeresse (de quoi ?) au pire cynisme revendiquant le droit de conquête.
En écoutant la vidéo, on se sent assez dépaysé par rapport au turc du Bourgeois Gentilhomme…[3]
Les déclarations officielles diffèrent d’ailleurs légèrement en anglais ou en arabe. Elles sont en effet formulées dans le but de répondre aux attentes de leurs destinataires.
La version anglaise rassure la consommatique des opérateurs de voyages : “les portes de Hagia Sophia seront, comme c’est le cas de toutes nos mosquées, grandes ouvertes à tous, qu’il s’agisse d’étrangers ou de locaux, de musulmans ou de non-musulmans”.
La version arabe n’hésite pas, quant à elle, à instrumentaliser la question palestinienne. Elle affirme que la “renaissance (sic) de Hagia Sophia est un signe du retour de la liberté à la mosquée d’al-Aqsa”. Les islamistes ferment en général, curieusement, les yeux sur les relations formelles, d’ailleurs de plus en plus difficiles depuis 2009, entre Ankara et Israël. Ils se gargarisent en revanche de la promesse néo-ottomane d’une nouvelle conquête de Jérusalem. L’invasion des Turcs seldjoukides, qui en chassèrent et massacrèrent les habitants au XIe siècle, fut la cause directe des Croisades, rappelons-le, lorsqu’ils interdirent les pèlerinages chrétiens.
Et la Turquie se flatte ainsi d’un rôle, complètement imaginaire en fait, de “médiateur”, à son seul profit, de ce conflit dans le sens du mirage d’un État palestinien, mais aussi dans les autres zones sensibles d’un proche-orient, toujours tourmenté, où sunnites et chiites se déchirent depuis bientôt 14 siècles et où le gouvernement AKP agit contre tous les autres comme bras séculier des Frères Musulmans.
Ce n’est pas seulement au rôle de sultan moderne, d’un nouvel empire turc, auquel aspire le mégalomane Erdogan[4]depuis son palais d’Ankara plus grand que Versailles ; c’est bien la fonction de calife cédée aux Ottomans en 1517, comme chef mondial des Croyants mahométans, à laquelle il croit avoir droit.
Jusqu’où ira-t-il ? se demande-t-on encore. Votre chroniqueur le répète ici librement quant à lui : il ira jusqu’au point où on l’arrêtera.
> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.
Apostilles
[1] cf. article “Sainte-Sophie : le nouveau camouflet d’Erdogan aux Occidentaux”in l’Orient-Le Jour.
[2] cf. la chronique de Manfred Weber in l’Opinion du 12 juillet.
[3] cf. “Turkish President Erdogan announces first prayers at Hagia Sophia after mosque ruling”
[4] cf. “Sainte-Sophie ou le sacre du leadership turc au sein de l’islam politique.”Source : ndf
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Une crise ultra-violente, mais heureusement, un gouvernement ultra-préparé
Publié par Guy Jovelin le 14 juillet 2020
Les économistes nous ont prévenu, le FMI l’anticipe, le président lui-même l’a expliqué : la crise économique qu’on sent déjà poindre promet d’être sévère.
Il va y avoir de la casse : faillites à gogo, chômage qui explose et probablement des mouvements sociaux plus ou moins violents, non, décidément, la rentrée de septembre 2020 n’augure rien de bon. Il y a beaucoup à parier que le gouvernement Castex devra faire preuve de beaucoup de calme, de pondération, de patience et d’inventivité pour surmonter les écueils des prochains mois.
Fouyaya qu’on vous dit, ça ne va pas être rose.
Encore que… Encore qu’à bien y regarder, quelques indicateurs macro-économiques semblent indiquer que les choses ne seront peut-être pas aussi catastrophiques qu’envisagé. Certes, la France va assez probablement enregistrer une année 2020 difficile, avec un fort sentiment de pauvreté, une hausse marquée du chômage, de la dette et des faillites, mais la reprise de l’activité a été observée comme moins molle que prévue. Si l’on ajoute que les ménages ont aussi économisé plusieurs dizaines de milliards d’euros pendant cette période, la fin d’année pourrait être moins sombre que ce que les premières estimations laissaient entrevoir.
On respire donc un peu mieux et c’est probablement devant l’amoncellement joyeux de ces nouvelles pétillantes que le gouvernement a décidé de jeter tous ses efforts dans l’amélioration du niveau de vie des Français afin d’arrondir tous les angles devant ce petit mauvais moment à passer.
C’est donc sans surprise que l’Assemblée Nationale a voté comme un seul homme en faveur d’une réduction de certains achats de cigarettes et de tabac autorisés dans les pays voisins avant de les ramener en France. Ouf, il était temps ! Qui sait combien de millions auraient échappé à l’État en taxes et autres accises si les députés ne s’étaient pas ainsi mobilisé pour voter cette loi in-dis-pen-sa-ble à la bonne marche républicaine, entre l’un ou l’autre massacre de petits Blancs sans intérêts ?
J’en vois qui me croient ironique lorsque j’évoque ces nouvelles pages de la législation française qui ne tarderont pas à venir s’empiler sur l’imposant corpus de lois finement ouvragées que notre Assemblée pond à un rythme de plus en plus soutenu. Il n’en est rien : soyons admiratif du travail de fond que ces élus réalisent dans l’ombre, ne renonçant à aucun effort ni aucun sacerdoce pour aspirer par tous les moyens les sous des Français, et conserver un détachement toujours plus grand avec ce qui les préoccupe vraiment, depuis l’insécurité jusqu’au chômage.
C’est d’ailleurs la même abnégation au travail, la même rage de vouloir transformer ce pays en paradis riant d’égalité totale, qui meut le gouvernement lorsqu’il réforme courageusement le Conseil économique, social et environnemental, cet indispensable furoncle institutionnel en charge d’occuper pendant leurs vieux jours quelques débris politiques incapables de se faire élire sénateurs.
Déjà, tous les Français n’attendaient que ça (pensez donc, une réforme de ce Conseil était réclamé partout, depuis Ginette du 24 qui estimait indispensable que cette institution devienne enfin une véritable « chambre des conventions citoyennes » jusqu’à Kévin, du 60, qui voit dans le CESE un vrai outil démocratique pour une citoyenneté réaffirmée et une meilleure synthonisation avec la palpitante vie républicaine du pays). Ensuite, la réforme entreprise permettra enfin de consulter l’appendicule pour un projet de loi un peu pénible au travers
d’un enfumage citoyend’une « consultation citoyenne » d’individus « tirés au sort », et cela (youpi youpi) dispensera le gouvernement de procéder à d’autres consultations prévues par la loi ou le règlement, ce qui donnera du peps à notre vie démocratique, ne trouvez-vous pas ?Enfin, et toujours dans l’optique de bien préparer le peuple aux difficultés que le reste de l’année 2020 et toute l’année 2021 promettent, le gouvernement a amplement montré sa volonté de ne surtout rien lâcher sur ses objectifs écologiques dont l’importance n’est plus à minimiser devant l’horreur de températures parfaitement banales, une pollution en baisse constante depuis 50 ans, une hausse spectaculaire de l’espérance de vie sur la même période et une nature de plus en plus verdoyante sur tout le territoire.
Or, compte-tenu des objectifs écologiques parfaitement
risiblescrédibles que le pays s’estinfligésauto-fixés, il apparaît – selon le Haut Conseil Au Climat, un autre furoncle indispensable à la République lorsque la dette dépasse 120% et le chômage réel 10% – que « les actions climatiques de la France ne sont pas à la hauteur des enjeux ni des objectifs qu’elle s’est donnés » ce qui est tout de même ballot, on en conviendra aisément.Heureusement, le
furoncleHaut Conseil ne reste pas sans solution opérationnelle, pratique et viable : « si une seule recommandation devait être conservée de ce rapport, elle serait de bannir tout soutien aux secteurs carbonés du plan de reprise et de l’orienter le plus possible sur des mesures efficaces pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre ».En plus, ça tombe bien, ces secteurs ne sont pas du tout ceux qui sont déjà les plus lourdement impactés par la crise économique actuelle, de même que ce ne sont pas ces secteurs qui emploient un nombre massif de salariés. Mieux encore : les aspects technologiques de ces secteurs peuvent être facilement bradés à l’étranger qui saura mieux faire et qui se polluera tout seul dans son coin à les développer, pendant que la France, riante contrée de pâturages verdoyants, propres et pleins de chômeurs bondissants, pourra s’inventer une économie aussi décarbonée qu’appauvrie à laquelle aspirent tous les Français, c’est évident.
Franchement, lorsqu’on voit tous ces éléments dont la direction ne fait aucun doute, qui tombent avec un timing absolument magistral, une détermination d’airain et un impact forcément, obligatoirement, positivement bénéfique pour tous, qui peut encore douter que l’État, le gouvernement et nos élus travaillent pour notre bonheur ultime ?
Pas de doute : la Convention climat n’était qu’un début et la punition écologique, que nous avons bien cherchée à force d’exister niaisement, va s’abattre sur nous tous, pauvres pêcheurs. Au moment où la France s’apprête à subir une récession économique majeure, tout ceci va forcément très bien se passer.
Source : nd