Les Turcs sont confrontés à la fois à la hausse des prix alimentaires et à la perte de valeur de leur monnaie. À tel point qu’un proche du président Erdoğan vient de leur conseiller de passer au végétarisme et d’éviter le gaspillage alimentaire. Pendant ce temps, les pays voisins s’inquiètent pour leurs propres revenus.
La situation économique est fort préoccupante en Turquie : le pays fait face à la fois à une forte inflation et à une dévaluation de sa monnaie, la livre turque, dont la valeur en dollars avait chuté de 18% entre lundi et mardi dernier pour tomber à 13,44 lires pour 1 dollar. En parallèle, les denrées alimentaires subissent une hausse de prix qui atteint les 29%. De quoi doublement plomber les finances d’une large partie de la population.
Moins de viande pour tenir le coup
Pour contrecarrer la crise, le gouvernement turc semble bien démuni, alors que le président Erdoğan s’entête dans une politique économique considérée comme erronée par les économistes, y compris turcs, qui tentent sans succès de le convaincre d’inverser la tendance.
Zülfü Demirbağ, un politicien appartenant au même parti que le président, vient d’appeler la population à drastiquement changer ses habitudes afin de mieux résister à la crise. Il a appelé les citoyens turcs à adopter un régime majoritairement végétarien: « Au lieu de manger 1 à 2 kilos de viande par mois, mangeons un demi-kilo. Nous achetons 2 kils de tomates et la moitié va à la poubelle. Eh bien, achetons 2 tomates » a-t-il lâché, abordant donc la question du gaspillage alimentaire.
Un appel qui pourrait faire sourire, ou ironiser sur l’émergence d’une conscience écologique aiguë au sein du gouvernement turc, si derrière il n’y avait pas des millions de personnes qui, de part et d’autre du Bosphore, peinent à faire leurs courses. Les autorités du pays craignent d’ailleurs que la situation ne dégénère dans certaines villes: 271 comptes sur divers réseaux sociaux ont été ciblés par la police pour « avoir incité les gens à la haine en appelant les citoyens dans les rues à utiliser la violence contre les hausses de prix », selon Euractiv.
En Grèce, on se méfie
Une crise économique dont les conséquences risquent de dépasser les frontières de la Turquie et qui provoque des inquiétudes, en particulier de l’autre côté de la mer. La Grèce est de loin la première exportatrice vers la Turquie, et elle craint de voir sa voisine et rivale incapable de payer la note. En outre, le régime de du président Erdoğan est coutumier de la recherche de boucs émissaires en cas de difficultés dans le pays, et Athènes craint de voir Ankara agiter à nouveau le spectre de leur éternelle rivalité sur les îles et les détroits de la mer Égée.