Publié par Guy de Laferrière le 27 juillet 2023
On connaissait l'effet papillon, avec ce battement d'ailes qui, par ricochet, peut provoquer un cyclone à l'autre bout du monde. Voici venir l'effet entrecôte, ou bifteck, bref, l'effet viande, à la fois plus proche de sa conséquence supposée, et plus déconnectée, à tout le moins. En effet, Sandrine Rousseau, infatigable pourfendeuse de la viande en général et du barbecue viriliste en particulier, a sa petite idée sur la cause des chaleurs intenses et des incendies qu'elles provoquent partout dans le monde. Et, comme il est juste que le monde n'en perde pas une miette, c'est sur Twitter que la pythie du réchauffement par le gril a rendu son implacable oracle : « La consommation de viande est une des causes de ce qui se passe en Algérie, Espagne, Grèce, Chine, Arizona et partout. Se prendre en photo, tout sourire, avec un morceau de viande, aujourd’hui, c’est cracher à la figure de celles et ceux qui fuient, brûlent, meurent de chaleur. » De celles et ceux qui aurions la gorge qui grattions et les yeux qui brûlions, pourrait-on ajouter avec un peu de malice, en hommage à sa syntaxe si particulière entendue lors de l'affaire de Sainte-Soline.
On peut essayer de trouver des explications rationnelles à une telle sortie, bien que la députée de Paris elle-même ne goûte pas les explications logiques plus que de raison et préfère, de son propre aveu, « les femmes qui font de la sorcellerie aux hommes qui fabriquent des EPR ». Certes, la production de viande coûte cher, consomme de l'énergie et de l'eau, a un impact sur certaines ressources... d'accord. Est-ce pour autant un comportement qui accélère le réchauffement climatique ? Peut-être. Faudrait-il manger autre chose pour obtenir des protéines ? Des œufs, des insectes ?
En réalité, ce n'est pas parce que l'on arrêtera de manger de la viande que les incendies s'éteindront. Ce n'est pas à cause des carnivores qu'il y a une vague de chaleur. Si l'activité humaine est responsable du réchauffement climatique, c'est plutôt du côté de l'industrie qu'il faut chercher - peut-être. Ce genre de raccourci est typiquement ce qui discrédite les écologistes et les confine du côté de la gauche la plus bornée, alors que la majorité des électeurs conviennent du fait qu'il s'agit d'un vrai sujet, complètement transverse du point de vue politique.
Sandrine Rousseau ne s'arrêtera jamais. Elle détient un joker : la contredire, c'est essayer de la faire taire parce qu'elle est une femme (et certainement pas, évidemment, parce qu'elle pourrait raconter n'importe quoi...). La semaine dernière, elle a prouvé, en estimant la température en Espagne à soixante degrés (sans savoir que c'était au sol), qu'elle ne savait pas lire un thermomètre. Elle vient désormais de montrer, pour la énième fois, qu'elle était incapable d'autre chose que d'une hargne coercitive à l'égard des gens qui ne vivent pas comme elle. Pas un mot sur l'impossible recyclage d'éoliennes qui ne servent à rien, par exemple : ce serait de trop bonne foi. Il faut que l'écologie rousseauiste passe. Comme disait son homonyme Jean-Jacques, dans le Discours sur les origines de l'inégalité parmi les hommes : « Écartons d'abord les faits, car ils ne touchent point à la question. » La gauche ne changera pas.
Arnaud Florac
Source : http://bvoltaire.fr